Territoires ! Le mot « valise » par excellence. Quand on ne veut pas faire de différences entre collectivités, on parle de territoires, ça fait tendance ! S’y invitent le « développement du… » ou le « potentiel des… ». Une idée nouvelle semblait même avoir vu le jour avec « l’égalité des… ». Les maires ruraux s’étaient (naïvement ?) dit, « tiens, enfin ».
Quinze mois plus tard et après un enchaînement ininterrompu de mesures en faveur du seul « logement urbain », la nouvelle arriva du Sénat, l’allié des « territoires » ruraux ! Le gouvernement a tranché pour la… hiérarchisation des territoires. Les métropoles, après avoir capté l’essentiel des politiques publiques depuis quarante ans, seront les premières servies dans l’enchaînement des trois projets de lois de décentralisation.
Ne vous y trompez pas, il s’agit d’une méthode éprouvée, pour les finances locales (voir les écarts insupportables de dotations par habitant), pour les pôles de compétitivité (trappes à financement de l’activité privée urbaine), pour les services publics (suppression de trains ou d’arrêts dans les gares, menace de fermeture de sous-préfectures…), au nom de la « rationalité » et de la « mutualisation ».
La solidarité territoriale, d’abord – A croire que tout le monde ne vit pas dans le même pays ! Dans un pays qui voit ses territoires ruraux accueillir plus de monde (à un rythme supérieur à celui de la ville). Les collectivités, les élus, parfois exsangues, tentent de répondre aux demandes d’une population plus exigeante, aux transferts de compétences non financés par l’Etat. L’exemple des rythmes scolaires est criant : mettez en œuvre le même service partout, sans les mêmes moyens ! Sans aide, ou presque, de l’Etat ou surplus.
Avant qu’il ne soit trop tard, nous demandons que la hiérarchie dans le calendrier soit inversée au profit du volet « solidarités territoriales » ; nous exigeons une refonte de la logique d’attribution des moyens alloués par l’Etat pour combler les écarts. Celui-ci doit appliquer aux collectivités le même principe qu’aux familles : l’effort des plus riches doit être plus important.
Les communes et intercos rurales ont largement contribué à celui-ci depuis des décennies au nom de la « compétitivité ». Avec quel résultat ! Il est temps, justement au nom de l’égalité des territoires, d’inverser la tendance. C’est vital pour le monde rural et potentiellement salvateur pour le pays.
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