Les biocarburants issus du colza et autre canne à sucre à peine sortis de la confidentialité, les scientifiques testent déjà une nouvelle poule aux oeufs d’or énergétique : les microalgues, riches en lipide aptes à faire tourner un moteur. Alors que le dispositif expérimental relatif à la possibilité pour les collectivités d’utiliser de l’huile végétale pure (HVP) comme biocarburant pour leurs véhicules vient d’entrer en vigueur le 1er janvier, les collectivités pourraient être à nouveau concernées par un nouveau biocarburant.
« La particularité de certaines espèces de microalgues est de produire des réserves de lipides allant jusqu’à 70% de leur masse lorsqu’elles sont soumises à des stress comme la privation d’azote ou une augmentation brutale de lumière », explique Olivier Bernard, chargé de recherche à l’Inria (Institut national de recherche en informatique et en automatique) de Sophia-Antipolis. Une propriété qui fait briller les yeux des chercheurs en biocarburant : à raison d’environ cent grammes d’huile extrait d’un litre de microalgues, la production de ces cellules permet d’espérer un rendement à l’hectare trente fois supérieur aux oléagineux terrestres comme le colza ou le tournesol.
Autre avantage : si les biocarburants des céréaliers peuvent difficilement se passer d’engrais et de pesticides néfastes pour l’environnement, la culture de microalgues en serre à grande échelle – des photobioreacteurs – évite cet écueil, tout en permettant une maîtrise du cycle de l’azote et du phosphore, grâce au recyclage des différents éléments nutritifs.
Sans compter le gain de place offert par ce procédé en comparaison des cultures oléagineuses terrestres. Reste à rendre rentable la production des acides gras issus des microalgues et leur transformation en biocarburant. Pour y parvenir, l’Agence nationale de la recherche (ANR) fait plancher sept équipes universitaires françaises, cordonnées par Olivier Bernard et associées à la PME Valcobio, sur l’élaboration d’un modèle viable de production.
Le programme Shamash, doté d’un budget de 2,8 millions d’euros pour trois ans, a démarré en décembre 2006 après avoir été labellisé par le pôle de compétitivité « Mer » de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Plusieurs pistes permettent d’espérer une meilleure rentabilité. Les chercheurs traquent aussi le « graal » des microalgues, celle qui parmi les 200.000 à un million d’espèces existantes offrira la meilleure production lipidique. « Nous sommes en compétition avec des scientifiques d’Amérique, du Japon, d’Allemagne, d’Angleterre, chacun cherche la bête de course’ ! ».
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