Une trentaine d’associations de défense des mal logés, des chômeurs et des précaires appellent à manifester à Paris le 11 mars, à quelques jours de la fin de la trêve hivernale des expulsions locatives fixée au 15 mars, pour demander au gouvernement de prolonger cette trêve.
« Alors que l’Assemblée vient de voter une loi pour le droit au logement opposable (…) la reprise des expulsions sans relogement serait une véritable hypocrisie », font valoir les associations dont le DAL, AC!, MNCP, Attac, la confédération nationale du logement (CNL), Jeudi Noir, dans un texte présenté le 8 mars lors d’une conférence de presse.
« Dans la mesure où on a encore des tentes sur le Canal Saint-Martin et ailleurs, des familles dans des hôtels et des structures d’accueil saturées, on demande que le gouvernement observe une trêve des expulsions », a déclaré Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole du DAL.
Pour Jeudi Noir, « la campagne présidentielle avait commencé fort sur le thème du logement cet hiver mais, avec l’arrivée du printemps, ça risque de retomber ».
Cette situation a notamment engendré une augmentation du nombre des jugements d’expulsion prononcés par des tribunaux, qui atteindraient selon les associations les 130.000 en 2005 contre 116.857 en 1997 (chiffres officiels), toutes causes confondues : impayés de loyers, congé pour vente ou pour reprise, nuisances, surpeuplement, etc.
Les associations dénoncent par ailleurs l’utilisation de plus en plus fréquente du « recours à la force publique » (10.163 cas en 2005 contre 4.753 en 1997), une tendance qui devrait s’accentuer : « quand le préfet ne donne pas le concours de la force publique, l’Etat doit dédommager le propriétaire et on sait que des directives ont été données pour que l’Etat paie moins
», a indiqué Serge Incerti (CNL). En 2005, l’Etat a ainsi déboursé 77,5 millions d’euros pour indemniser des bailleurs.
Les associations réitèrent aussi leur demande de réquisition des logements vacants en application de la loi, de relogement des familles mal-logées et des mesures plus structurelles contre l’emballement des loyers comme leur gel, l’augmentation de la taxe sur les logements vacants.
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