Plusieurs syndicats des secteurs bancaire et postal et représentants d’organisations de logements à vocation sociale se disent inquiètes des conséquences de la décision de Bruxelles banalisant les livrets A et Bleu.
Le 10 mai, en effet, Bruxelles a demandé à la France d’étendre à toutes les banques la distribution de ces deux placements-vedettes, réservée aujourd’hui à la Banque Postale et la Caisse d’épargne pour le premier, au Crédit mutuel pour le second.
Les composantes de l’intersyndicale du secteur semi-public économique et financier (*) ont réagi tour à tour, le jour même, dénonçant notamment «un cercle vertueux libéral ne profitant qu’aux seules banques privées» et exprimant de fortes craintes sur le financement du logement social.
L’Union sociale pour l’habitat (USH), qui regroupe les organismes d’HLM, a fait part de son inquiétude face à ce qu’elle considère comme une «remise en cause du financement de logements sociaux».
L’USH a donc demandé «au gouvernement de faire tous ses efforts pour obtenir une annulation de la décision de la Commission » européenne».
Pour sa part, la Confédération naionale du Logement (CNL), première organisation de locataires du parc social, accuse la Commission européenne, «empreinte de libéralisme, de porter un coup bas au financement du logement social, le risque principal de cette mesure étant une baisse de la collecte».
«La loi sur le droit au logement opposable, récemment votée, prévoit une forte augmentation de la construction de logements sociaux dans les cinq prochaines années», rappelle la CNL.
Enfin, le 11 mai, la Fédération nationale des sociétés coopératives d’HLM, s’est elle aussi ralliée à ce courant, demandant au gouvernement français de mener au sein des instances européennes, la bataille pour la défense du livret A. «La banalisation de la collecte du livret A risque de conduire à une baisse sensible de la collecte et constitue la première étape du démantèlement d’un circuit financier spécifique pour le logement social», craint la fédération.
Le ministère de l’Economie et des finances a, pour sa part, fait savoir son opposition à la libéralisation de la distribution du livret A. «Nous envisageons toujours de demander un arbitrage devant les instances compétentes », a-t-on indiqué à Bercy. Le groupe Caisse d’épargne a annoncé, dans la foulée, sa volonté de « s’associer au recours auprès des juridictions européennes, que les pouvoirs publics ont annoncé vouloir déposer », a indiqué le groupe.
(*)Banque de France(CGT, FO, SNABF-Solidaires et SIC), Caisse des dépôts (CFDT, CGT et FO), Caisse d’épargne (CGT, SUD, FO), Crédit foncier de France (CFE-CGC, CFTC, CGT, FO, SNA, Sud), La Poste (Sud), etc.
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