Lors de sa déclaration de politique générale le 3 juillet, le Premier ministre a annoncé vouloir faire « expérimenter » la gratuité dans plusieurs musées parisiens et de province, afin d’en « mesurer toutes les conséquences ». François Fillon a relevé que cette gratuité provoquait de « vifs débats au sein du monde de la culture ».
Différents acteurs du monde de la culture soulignent, en effet, que la gratuité des musées est une mesure populaire, relativement coûteuse, dont l’impact précis sur la démocratisation de l’accès à l’art n’est pas encore bien cerné.
La ville de Paris, sous l’impulsion de son maire, le socialiste Bertrand Delanoë, a opté depuis décembre 2001 pour la gratuité de ses collections permanentes (Carnavalet, Petit Palais, Musée d’art moderne, etc.). Le public a été au rendez-vous : les collections ont accueilli 760 000 visiteurs en 2005, contre 530 000 en 2001, a indiqué Christophe Girard, adjoint (PS) au maire chargé de la Culture. Toutefois, Christophe Girard n’est « pas sûr » d’être favorable à la gratuité totale. Les expositions temporaires des musées de la ville de Paris restent payantes et source, non négligeable, de recettes.
« La gratuité totale, je la plaiderais pour les enfants et les adolescents jusqu’à leur majorité afin de les inciter à se déscotcher’ de l’écran de télévision ou d’ordinateur », explique-t-il.
« Compte tenu des situations très diverses des musées selon qu’ils sont nationaux ou territoriaux, la ministre Christine Albanel a plaidé pour que des expériences puissent être menées avant toute décision sur une éventuelle gratuité. Ces expérimentations permettront d’avoir une cartographie des politiques tarifaires de tous les musées en France », indiquait-on au cabinet de la ministre.
Lors de la campagne électorale, l’UMP avait préconisé la gratuité des musées, pour un coût estimé entre 150 et 200 millions d’euros.
Nicolas Sarkozy n’avait pas repris cette proposition dans son projet présidentiel. Il s’est seulement engagé à « rendre la culture accessible au plus grand nombre ».
« Le prix n’est pas le seul obstacle à la fréquentation des équipements culturels, ni même le principal », souligne une étude de deux chercheuses, Anne Gombault (management) et Christine Petr (marketing), réalisée pour le ministère de la Culture.
« La gratuité ne crée pas l’envie de consommer de la culture et moins encore pour ceux qui n’ont pas connu d’expériences satisfaisantes en la matière », expliquaient en janvier les deux professeurs, en y voyant « un outil très sensible, aux effets complexes […], qu’il faut manier avec prudence. »
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