Philippe Yvon, le directeur de la SA HLM Les Foyers, à Rennes, a fait ses comptes. « A ce jour, les factures d’eau et d’électricité de la Résidence du parc dépassent les 16 000 euros. Nous refusons de les payer, car nous sommes pris en otage dans une affaire qui ne nous concerne en rien ».
A quelques jours de l’ouverture du congrès de l’Union sociale pour l’Habitat, à Rennes, l’histoire interpelle. Depuis le 4 mai, la résidence du Parc, à Pacé, une commune voisine de Rennes, est réquisitionnée par les militants du Droit au logement. Près de 250 personnes, dont de nombreux demandeurs d’asile, ont trouvé refuge dans cet ancien foyer logement pour personnes âgées. Il s’agirait, selon le DAL35 , du « plus grand squat de France ».
Sursis jusqu’en novembre- Ironie de l’histoire, ce bâtiment, désaffectée depuis plusieurs mois, devait faire l’objet de travaux pour être transformé, notamment, en centre d’accueil des demandeurs d’asile (CADA) ! Dans un jugement rendu le 20 juillet, le tribunal d’instance de Rennes, qui avait été saisi par le propriétaire des lieux, a fixé au 15 novembre la date à laquelle le squat devrait être évacué. La Sa Les Foyers se trouve donc confronté à un dilemme insoluble : son directeur refuse de couper l’eau et l’électricité « pour des raisons humanitaires » (le squat abritant de nombreuses familles avec enfants), mais il ne veut pas faire payer la facture aux autres locataires de la société. La SA Les Foyers gère 7.000 logements en Bretagne, dont de nombreux logements spécifiques.
Embarras de l’Etat- Du côté de l’Etat, qui doit selon la loi assurer l’hébergement des demandeurs d’asile, l’embarras est visible. En raison d’une insuffisance notoire de places d’hébergement en Ille-et-Vilaine, la préfecture n’est pas en mesure de répondre à la demande. Mais en ce qui concerne le règlement des factures d’eau et d’électricité, l’Etat renvoie le propriétaire à ses responsabilités, en refusant de rentrer dans le débat.
Médiatisation- Face à un risque de coupure imminente, la SA Les Foyers a donc choisi de médiatiser la situation. La venue du Premier Ministre Jean-Marc Ayrault et de la ministre du logement Cécile Duflot à Rennes les 25 et 27 septembre au congrès de l’USH permettra peut-être de trouver une issue positive à ce dossier complexe. Mais la question globale de l’hébergement des demandeurs d’asile, elle, reste entière.
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