Près de 350.000 personnes âgées de 18 à 65 ans souffrent d’illettrisme dans la région Nord/Pas-de-Calais, soit 15,5% de cette tranche d’âge, un chiffre supérieur de six points à la moyenne nationale (9%), selon une étude de l’Insee révélée le 30 octobre.
L’étude, réalisée en 2006 sur un échantillon de 1.700 personnes, repose sur une série de tests pratiques comme la compréhension d’un programme de télévision, la rédaction d’une liste de course ou des calculs de base puis de questionnaires individualisés sur la situation des personnes repérées en situation d’illettrisme.
Car « il ne faut pas confondre les personnes en situation d’illettrisme, c’est-à-dire celles qui ont été scolarisées en France et qui, à un moment donné, ne maîtrisent plus les outils simples comme la lecture, ou l’écriture, et des personnes qui n’ont jamais appris le Français, comme les étrangers », prévient Marie-Thérèse Geffroy, directrice de l’agence nationale de lutte contre l’illettrisme.
Parcours scolaire chaotique, enfance malheureuse, faible niveau de vie, pratique de la lecture pendant l’enfance, cette enquête démontre la multiplicité des facteurs qui interviennent dans les situations d’illettrisme.
Les écarts entre la région et la moyenne nationale peuvent s’expliquer par « une convergence de difficultés chez certains segments de la population », a expliqué Jean-Jacques Malpot, directeur de l’Institut national de la statistique et des études économiques de Lille.
Par exemple, l’exclusion du monde du travail est un facteur important puisque 44% des bénéficiaires du revenu minimum d’insertion (RMI) souffrent d’illettrisme dans le Nord-Pas-de-Calais, région qui regroupe près de 11,5% des Rmistes français, avec plus de 110.000 bénéficiaires.
Pour autant, près de la moitié des personnes illettrées ont un emploi mais l’absence de pratique de la lecture et de l’écriture dans leur travail multiplie par six la proportion d’adultes en situation d’illettrisme.
Les conclusions de cette étude vont servir pour établir un contrat plan Etat-région destiné à ramener les chiffres de la région, qui dépense déjà près de 4 millions d’euros par an contre l’illettrisme, au niveau de la moyenne nationale.
Pour aller plus loin, télécharger le quatre pages de l’Insee d’octobre 2005 « Les difficultés face à l’écrit en Nord-pas-de-Calais »
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