A propos des « galériens du logement » qui campent depuis un mois rue de la Banque, à Paris, la ministre du Logement, a déclaré le 6 novembre savoir que « ces personnes étaient mal logées, mais logées ». Et elle « leur a demandé de rester dans leur logement ». « Il faut établir une hiérarchie », a-t-elle ajouté, rappelant qu’il y a « beaucoup d’autres personnes en situation régulière, qui travaillent et n’arrivent pas à se loger ».
Le dialogue entre les collaborateurs de Christine Boutin et les responsables de l’association droit au logement (DAL) n’a pas permis de lever toutes les incompréhensions. Dans un communiqué du 2 novembre, le ministère du Logement déplore que cette association ne remette pas une liste précise des personnes occupant la rue de la banque. «Une liste nominative n’avancerait rien, car toutes les personnes sont déjà sur des listes d’attente. Nous ne voulons pas que s’effectue un tri, mais que l’ensemble des personnes soit relogé dans des conditions descentes», a rétorqué Jean Batiste Eyraud, porte-parole du DAL.
Celui-ci dénonce les pressions exercées par les services sociaux sur certaines familles. «Depuis vingt ans, nous ne connaissons pas d’autres méthodes que celles d’actions visibles pour inciter les autorités à agir de manière efficace. Nous ne voulons surtout pas que les problèmes des familles installées rue de la Banque soient réglés en prenant des places sur les dispositifs déjà existants. Ils sont saturés et il existe des logements vides réquisitionables», précise t-il. L’association insiste sur les craintes qu’elle nourrit sur le fonctionnement des commissions d’application de la loi sur le droit au logement opposable (Dalo).
Le DAL s’étonne qu’il soit envisagé de revoir à la baisse les contingents de logements disponibles gérés par les communes, les préfectures et les bailleurs sociaux et prévus par les accords collectifs départementaux. «Depuis la loi de décentralisation de 2004, beaucoup de préfets ont remis leurs parcs aux communes. Si la part de l’Etat baisse, on peut imaginer que les autres partenaires ne fassent pas beaucoup d’efforts pour augmenter leur propre contingent», indique Jean-Baptiste Eyraud.
Christine Boutin a reconnu (sur France Inter) que la situation du logement est « catastrophique » et a poussé ce « cri d’alarme » : il faut que nous construisions.
La ministre a souligné que cette situation concerne « tout le monde, car depuis vingt ou trente ans, on n’a pas construit ». Elle confirme que quelque 600.000 personnes sont prioritaires au regard de la loi Dalo. Elle a rappelé que les commissions de médiation auprès desquelles ces personnes pourront présenter leurs demandes seront en place au 1er janvier 2008 et qu’au 1er décembre 2008 les personnes pourront déposer une plainte si leur demande n’est pas satisfaite dans des délais raisonnables. « Nous avons quatorze mois pour trouver des solutions », a-t-elle dit.
Christine Boutin a réaffirmé à propos des 27.000 places d’hébergement d’urgence promises l’hiver dernier par Jean-Louis Borloo, « les objectifs ont été atteints » pour les places en centres d’hébergement d’urgence et en centres d’hébergement de réinsertion sociale (CHRS). Elle a reconnu « être en retard sur les maisons-relais ».
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