Richard Lagrange, conseiller de la ministre de la Culture pour la création et l’action territoriale, n’aura manifestement pas réussi à rassurer les maires réunis le 22 novembre pour une table ronde sur les politiques culturelles des villes, dans le cadre du congrès de l’Association des maires de France (AMF).
Ces derniers ont évoqué à plusieurs reprises « le désengagement de l’Etat », rappelant que ce dernier, au cours des dernières décennies, les avait incités à investir dans des équipements, le soutien à la création et à la diffusion.
Sylvie Robert, adjointe au maire de Rennes (Ille-et-Vilaine) et vice-présidente du conseil régional de Bretagne a dépeint une « situation inquiétante », notamment pour le financement des écoles d’art, des écoles de musique et du spectacle vivant. « L’Etat nous dit qu’il ne peut plus faire autant qu’avant. Cela nous pose la question de la place de la culture dans la façon dont nous allons faire la ville de demain ».
Florian Salazar-Martin, président de la Fédération nationale des collectivités territoriales pour la culture (FNCC), a, pour sa part, qualifié une éventuelle réduction des crédits d’intervention de « coup de canif dans le contrat ». « Dans nos collectivités, malgré nos difficultés, nous maintenons nos équipes et nos budgets consacrés à la culture. Pourquoi l’Etat ferait-il autrement ? », s’est interrogé l’adjoint au maire de Martigues (Bouches-du-Rhône).
Richard Lagrange a fait valoir que pour 2008, le budget (encore en cours d’examen parlementaire) était « consolidé », tout en reconnaissant une incertitude liée à la réserve de précaution de 6% à laquelle tous les ministères sont confrontés. « L’Etat ne se désengage pas », a-t-il affirmé, s’il en donne l’impression, c’est parce qu’au cours des années précédentes, il s’est fortement engagé aux côtés des collectivités pour des rénovations de musées, de théâtres, pour le patrimoine etc. ».
Il a invité les maires à se tourner vers les conseils généraux et régionaux, s’étonnant, par exemple, que certaines scènes nationales soient financées par l’Etat et la commune, dans la plus grande indifférence du département et de la région.
« Paradoxalement, l’Etat accompagne, seul, beaucoup d’équipements au quotidien, alors que des régions soutiennent la création au niveau international, ce que l’Etat ne fait pas autant qu’il le devrait « , a-t-il souligné. Une argumentation ostensiblement boudée par Pierre Bourguignon, président de l’association Ville et banlieue, qui a quitté la tribune pour se retirer au fond de la salle. « L’Etat veut nous faire la leçon là où nous attendions un débat ! », a-t-il lancé depuis le dernier rang.
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