Après l’annonce, la semaine dernière, du report au mois de février de la présentation du « plan banlieue » par le président Sarkozy, Christine Boutin, ministre du Logement et de la Ville, a ajouté le 14 janvier à la cacophonie en déclarant « ne pas croire en un plan banlieue ».
« Je ne crois pas en un plan banlieue mais en une autre politique de la Ville », a affirmé la ministre dans une interview accordée à La Croix.
« Le plan Egalité des chances’ de Fadela Amara est centré sur les banlieues. Moi, a-t-elle ajouté, je crois en la réponse beaucoup plus globale d’une nouvelle politique de la Ville. On ne résoudra pas les problèmes des quartiers par un énième plan qui se résumerait à leur donner encore plus de moyens ».
Jointe au téléphone le 14 janvier par l’AFP, Christine Boutin a souligné que la contradiction entre « la phrase de La Croix sortie de son contexte » et les orientations que Fadela Amara s’apprête à annoncer le 22 janvier à Vaulx-en-Velin n’était « qu’apparente ».
La politique de la Ville « ne se résume pas à la politique des banlieues » mais « cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas un plan banlieue », a-t-elle rectifié.
Le 8 janvier, lors de sa conférence de presse, Nicolas Sarkozy avait déjà jeté un pavé dans la mare, en annonçant le report au début février de la présentation du plan Banlieue, auquel travaille d’arrache-pied la secrétaire d’Etat à la Ville Fadela Amara, qui devait avoir lieu le 22 janvier à Vaulx-en-Velin.
Fadela Amara a reconnu elle-même ses difficultés à finaliser son projet en déclarant que le président lui avait demandé de « booster » son plan. « La caractéristique de ce plan, c’est qu’il reposera davantage sur les personnes que sur les territoires », a prévenu Nicolas Sarkozy.
Christine Boutin a développé cet aspect en soulignant que « la logique des zones’ à la base de toutes les politiques d’aides a dressé des frontières entre les paysages urbains ». « Ce système a ghettoïsé des territoires », a-t-elle ajouté.
Lors de la préparation du plan pendant l’automne avec les acteurs de la banlieue, Fadela Amara avait évoqué l’idée de déterminer des zones par couleurs (verte, orange ou rouge) pour mieux s’attaquer aux difficultés croissantes que rencontrent les « quartiers ».
Christine Boutin a fait valoir aussi que « la logique des zones » n’était « plus pertinente », remarquant que l’habitat indigne affectait aussi les centre-villes anciens.
Pour elle, « ce ne sont pas forcément des moyens supplémentaires qui seront nécessaires mais une meilleure distribution des fonds ».
Elle a estimé que le mode de distribution des aides était « devenu beaucoup trop compliqué » et qu’il « sera nécessaire de revoir la fiscalité locale ».
Reçus en fin de semaine dernière par Christine Boutin et Fadela Amara, plusieurs maires de banlieue avaient ardemment plaidé pour « une péréquation fiscale entre villes riches et villes pauvres ». Une telle réforme, soulignent-ils, est indispensable pour les quelque 150 communes les plus pauvres qui disposent de budgets inférieurs de 20 à 40% au budget moyen des communes alors que leurs administrés comptent eux-mêmes parmi les populations les plus défavorisées.
En novembre dernier, la Cour des comptes avait dressé un bilan sévère de la politique de la ville menée depuis 2002, jugeant son efficacité « incertaine » en raison notamment de dispositifs trop lourds et complexes et ce, en dépit des milliards dépensés.
Elle avait aussi remarqué que 19 ministres de la ville s’étaient succédés en 17 ans.
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