Réclamée depuis plusieurs années par les organisations syndicales et professionnelles du spectacle vivant, l’idée d’une loi sur le secteur fait manifestement son chemin.
« Je ferai voter une loi d’orientation sur le spectacle vivant », promet François Hollande, qui en a fait un élément constitutif de sa proposition n° 44 (sur les 60 qu’il a publiées), consacrée au « l’accès à la culture et à la création artistique ».
Sans plus de précisions.
Loi-cadre – Dans un entretien avec le Point.fr, publiĂ© le 14 mars, Nicolas Sarkozy avance Ă©galement l’idĂ©e d’une « loi-cadre, qui fixera les responsabilitĂ©s et les engagements de tous les partenaires publics et privĂ©s, ainsi que les moyens de dĂ©gager des ressources complĂ©mentaires pour la diffusion des spectacles dans le cadre d’un ‘compte de soutien au spectacle vivant’ ».
A une loi, François Bayrou semble préférer des interventions ciblées en fonction des problèmes structurels qui se posent. Le candidat du Modem préconise ainsi « une aide dégressive » au démarrage des petites structures et compagnies ». Mais sans préciser le montant envisagé ni le financement de cette mesure.
Il veut aussi inscrire dans le cahier des charges des créations subventionnées l’augmentation du nombre de représentations « à coût réduit ». Sans préciser si l’objectif premier serait de répondre à la trop faible diffusion des créations.
Conventions de dĂ©veloppement culturel quinquennales – Concernant les partenariats Etat-collectivitĂ©s, le candidat centriste prĂ©conise des « conventions de dĂ©veloppement culturel », pour une pĂ©riode de 5 ans. Une durĂ©e justifiĂ©e par un alignement sur celle des contrats de projets Etat-rĂ©gions.
Il s’agirait donc d’allonger les actuelles conventions triennales pour la « culture partagée » (démocratisation culturelle), que signent les directions régionales des affaires culturelles (Drac), depuis l’automne 2011, avec des collectivités urbaines et rurales.
Mais le candidat centriste ne précise pas quelles seraient les priorités de ces conventions.
De son côté, François Hollande parle de « contrats », destinés à améliorer l’aménagement du territoire, avec « un maillage culturel mieux coordonné et plus efficace. »
Economie sociale et solidaire – Eva Joly est la seule Ă s’intĂ©resser au dĂ©veloppement de la culture dans le cadre de l’économie sociale et solidaire. Dans son plaidoyer pour « la sĂ©curitĂ©, l’autonomie des acteurs culturels », elle propose la crĂ©ation d’un « fonds de dĂ©veloppement du tiers secteur culturel », et de « fonds mutualisĂ©s pour l’accès d’artistes et d’artisans d’art aux locaux et aux terrains vacants et Ă des services partagĂ©s ».
Une possible réponse au problème de l’hébergement du travail des artistes, qui peinent à trouver ateliers et studios et autres lieux de création.
Dans cette logique du tiers secteur, la candidate d’Europe-Ecologie-Les Verts (EELV) plaide aussi pour le développement des groupements d’employeurs et les coopératives d’artistes.
Pluriactif culturel – Eva Joly veut Ă©galement rĂ©former le statut de l’artiste et des intermittents du spectacle. Elle prĂ©cise qu’elle procĂ©dera au « rĂ©examen des circuits financiers de l’intermittence du spectacle, et crĂ©era le statut de « pluriactif culturel », permettant de combiner allocations chĂ´mage et rĂ©munĂ©rations « en vue de la garantie du revenu ».
Enfin, elle préconise la création de mutuelles pour les artistes.
Le Centre national de la musique (CNM) en débat
Créé le 6 février 2012, cet établissement public, conçu sur le modèle du Centre national de la cinématographie et de l’image animée (CNC), a vocation à fédérer les acteurs et les financements du secteur et à favoriser la création et la diffusion des œuvres. Ses ressources proviendront pour l’essentiel d’une taxe payée par les fournisseurs d’accès à internet, mais sans « pression fiscale sur les opérateurs de télécommunications », promet le ministère de la Culture et de la communication. Nicolas Sarkozy indique miser beaucoup sur « la montée en puissance » du CNM, « pour structurer la filière ». François Hollande compte a contrario revenir sur ce « chantier », « pour en faire un outil au service de la diversité culturelle ». Sans que l’on sache comment il modifierait la structure.
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Culture : les candidats n’ont pas pris la mesure des attentes
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Sommaire du dossier
- La culture, grande absente de la campagne
- Culture : les candidats n’ont pas pris la mesure des attentes
- Culture : la question du financement, principale ligne de partage entre les programmes
- Culture : la FNCC interpelle les candidats sur des questions étroites et ciblées
- Spectacle vivant : la nécessité d’une loi fait son chemin
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