« Nous mettons fin à vingt-quatre ans d’absence de réglementation en matière de prévention des inondations », a souligné Hugues Bousiges, préfet du Gard, en signant, mardi 28 février 2012, l’arrêté d’approbation du plan de prévention du risque inondation (PPRI) de la ville de Nîmes. Alors que la capitale gardoise a vécu le 3 octobre 1988 une catastrophe qui avait fait neuf morts et 620 millions d’euros de dégâts, aucun texte, en effet, ne fixait jusqu’ici de règles précises de construction en zone inondable.
Gel des zones non urbanisées – Le PPRI de Nîmes, qui prend pour référence la crue d’octobre 1988, interdit toute construction nouvelle sur 11 % du territoire communal. Il gèle en particulier les zones non encore urbanisées, même lorsque l’aléa y est résiduel. Cette mesure, destinée à permettre l’expansion des crues, stérilise la plaine située au sud de la ville, qui concentrait depuis deux ou trois décennies l’essentiel du développement nîmois.
« L’un des grands enjeux du PPRI est de modifier la stratégie de la ville de Nîmes, commente Jean-Pierre Seconds, directeur départemental des Territoires et de la Mer (DDTM). Le développement urbain devra désormais s’orienter ailleurs, vers le nord et vers l’ouest, dans des secteurs moins sensibles au risque inondation. »
Deux exceptions – Le nouveau PPRI consent toutefois deux exceptions, en dépit des recommandations contraires de la commission d’enquête. Il autorise l’achèvement de la Zac du Mas de Vignolles, une zone commerciale déjà presque entièrement urbanisée. Il rend également possible la réalisation du quartier du Mas Lombard, une Zac dont la surface urbanisable est toutefois ramenée de 100 à 20 ha. « Nous avons pris en compte, par anticipation, les travaux qui exonderont (1) une partie de ce secteur », explique Jean-Emmanuel Bouchut, chef du service de l’Observation territoriale, de l’urbanisme et des risques à la DDTM du Gard.
Permettre la densification urbaine – Dans la zone urbanisée, le PPRI interdit toute construction nouvelle dans les zones exposées à un risque très fort (plus d’un mètre d’eau constaté lors de la crue de référence), mais introduit une classe d’aléa supplémentaire entre le risque très fort et le risque modéré (de 0,50 à 1 mètre d’eau).
Cette disposition est destinée à permettre la densification urbaine dans certaines zones : le centre-ville, le centre historique et les axes de transport en site propre. Dans ces secteurs, la construction est autorisée, avec une contrainte de calage des planchers, mais jusqu’à une hauteur maximale de R+3. « Ces secteurs sont relativement exposés au risque inondation mais représentent des enjeux élevés qui nécessitent une densification, précise Jean-Emmanuel Bouchut. Nous avons répondu à cette double exigence en introduisant une règle intermédiaire qui permet de faire mais pas trop. »
22 zones différentes – Les services de l’Etat ont ainsi défini 4 classes d’aléa et 6 classes d’enjeux. Le croisement des aléas et des enjeux aboutit à la création de 22 zones différentes, là où un PPRI distingue habituellement 10 zones. « Nous avons fait de la dentelle fine pour nous adapter aux particularité de chaque quartier, souligne Hugues Bousiges, préfet du Gard. Ce PPRI traduit une conciliation réussie entre la nécessité de bâtir et l’indispensable protection de nos concitoyens. »
La ville de Nîmes avait auparavant émis un avis favorable sur le projet de PPRI, moyennant quelques réserves dont la plupart ont été levées. Le document avait par ailleurs fait l’objet, le 1er février 2012, d’un avis favorable sans réserve de la commission d’enquête. Cet avis était assorti de cinq recommandations qui n’ont pas toutes été suivies.
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