Par Sylvain Waserman, président de l’Ademe et Jean-Paul Carteret, président par intérim de l’AMRF (Association des maires ruraux de France).
La transition écologique est une réalité de tous nos territoires. Elle s’impose à tous comme une nécessité collective même lorsqu’elle suscite des interrogations et des doutes. C’est dans les territoires, et plus particulièrement dans la France rurale, que se joue une grande part de sa réussite. Là où la proximité avec les ressources naturelles, les savoir-faire locaux et les actions de solidarité, donne à l’écologie un visage concret et ancré.
La transition écologique ne peut réussir qui si elle s’appuie sur les territoires : elle n’est pas l’affaire de quelques grandes villes, mais une condition de protection et d’attractivité pour l’ensemble du pays. Nos territoires ruraux sont au cœur de la transition écologique. Les espaces naturels et agricoles, nos campagnes, qui couvrent près de 90% du territoire national, sont à la fois les plus exposés aux effets du dérèglement climatique et les mieux placés pour y répondre. Sécheresses, incendies, raréfaction de l’eau : ces défis se vivent et sont subis d’abord localement mais les réponses émergent aussi localement. Les collectivités rurales et leurs habitants sont en première ligne et sont les mieux placées pour inventer et expérimenter des modèles sobres, résilients et durables au plus près des habitants.
Pour accompagner cette dynamique portée par des femmes et des hommes chefs d’entreprises, élus locaux ou plus largement citoyens engagés, les territoires ruraux ont besoin de soutien financier de l’Etat et d’expertise de l’Ademe. En 2024, plus de 60% des projets instruits et soutenus par l’Ademe pour le compte de l’Etat se trouvent en zone rurale. Ces moyens permettent de concrétiser des projets qui changent réellement la vie des habitants : des réseaux de chaleur renouvelable alimentés par la biomasse ou la géothermie, qui réduisent à la fois la facture énergétique et l’empreinte carbone ; l’amélioration de la performance énergétique de mairies ou de salles communales, qui offre à la fois confort et économies ; ou encore la transformation des cœurs de villages grâce au programme Plus fraîche ma ville, qui aide les communes à adapter leurs espaces publics aux fortes chaleurs.
En 2024, plus de 60% des projets instruits et soutenus par l’Ademe pour le compte de l’Etat se trouvent en zone rurale.
Au-delà des investissements matériels, les communes rurales disposent de moyens en expertise humains et techniques limités. Le soutien de l’Etat est là aussi décisif à la réalisation de projets locaux. L’Ademe agit sur le renforcement des compétences locales à travers le programme « Élus pour agir ». Ce réseau de plus de 4200 élus locaux forme et accompagne les maires et leurs équipes afin de les doter d’outils nécessaires à la planification de la transition écologique, à l’échelle de leur commune ou de leur intercommunalité. Ces initiatives montrent que les territoires ruraux sont des espaces d’innovations et de solutions. C’est dans les villages, les bourgs, les vallées et les territoires de montagne que se trouvent des solutions concrètes, adaptées et durables. Les élus et les habitant y rendent la transition écologique tangible, utile et visible.
Cette approche repose sur un principe simple exposé précédemment : la transition écologique ne réussira que si elle est territoriale, avec des bénéfices concrets pour les territoires et la population. La transition écologique ne doit pas se traduire par des interdictions sans alternatives, mais par des solutions accessibles, soutenues et équitables. Lorsqu’une commune investit dans la décarbonation de son énergie, ce sont des factures allégées et un meilleur confort thermique pour ses habitants. Lorsqu’elle développe les énergies renouvelables, ce sont des emplois locaux, une autonomie renforcée et un dynamisme économique retrouvé avec de nombreuses initiatives qui associent les citoyens. L’écologie devient alors non pas un coût, mais un projet collectif et fédérateur, un levier de vitalité, de cohésion sociale et d’attractivité.
Les maires ruraux, en lien avec l’Ademe, sont les artisans de cette réussite. Par leur connaissance fine du terrain et leur capacité à fédérer, ils démontrent chaque jour que les territoires ruraux peuvent être le moteur de la transition écologique. Leur engagement illustre une transition écologique qui protège : le pouvoir d’achat, la pérennité des entreprises et des emplois locaux et l’environnement.
Par leur connaissance fine du terrain et leur capacité à fédérer, les maires ruraux démontrent chaque jour que les territoires ruraux peuvent être le moteur de la transition écologique.
Alors que les effets du dérèglement climatique s’intensifient, les élus locaux sont confrontés à des coûts de réparations inédits, qui nécessitent un accompagnement solide. C’est dire le rôle essentiel de l’Etat pour accompagner les maires qui doivent adapter leurs territoires à la dure réalité climatique. En cela, la méthodologie d’accompagnement TACCT (Trajectoires d’Adaptation au Changement Climatique) a déjà permis à 654 collectivités de bâtir leur stratégie d’adaptation.
Loin d’opposer ou d’exclure, la transition écologique doit rassembler. Elle protège celles et ceux qui subissent déjà les effets du dérèglement climatique. Elle s’appuie sur notre ruralité, pilier de notre souveraineté alimentaire, énergétique et environnementale. Elle met en valeur la diversité des territoires, qui sont une force pour la Nation. Elle renforce notre autonomie face à l’instabilité géopolitique. Elle améliore le cadre de vie de nos concitoyens. C’est dans cette alliance entre l’État, les collectivités locales et les habitants que se construit une écologie du quotidien, protectrice, non pas subie, mais choisie, et pleinement partagée.
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