Alors que l’Europe pourrait revoir son objectif de 10% d’utilisation des biocarburants dans les transports d’ici à 2020, le président de Nestlé, Peter Brabeck, s’inquiète des risques de pénurie alimentaire que causerait le recours massif à ce type de carburants.
« Si l’on veut couvrir 20% du besoin croissant en produits pétroliers avec des biocarburants, comme cela est prévu, il n’y aura plus rien à manger », a prévenu le PDG de Nestlé, Peter Brabeck, dans une interview accordée au journal allemand NZZ am Sonntag, lundi 25 mars.
L’opposition de l’industrie agroalimentaire à ce type de carburants est aisée à comprendre. Reposant sur des produits agricoles, les biocarburants concurrencent fortement la production destinée à l’alimentation.
L’utilisation de matières premières agricoles pour la production de biocarburants est d’ailleurs l’une des causes de l’augmentation du prix de ces matières premières. Le prix du blé a par exemple augmenté de 125% depuis un an.
Le PDG de Nestlé s’insurge ainsi contre les subventions accordées pour la production des biocarburants, considérant que c’est « inacceptable moralement et irresponsable ». L’industrie agroalimentaire n’est toutefois ni la seule ni la première à s’opposer à ces carburants dits verts.
Plusieurs études scientifiques récentes ont mis en doute le caractère écologique des agrocarburants, en particulier à cause des déforestations que leur production engendre.
Un rapport publié en mai 2007 par la division énergie des Nations Unies note qu’en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, recourir aux biocarburants pour la production de chaleur et d’électricité serait plus approprié que dans le secteur du transport.
En janvier 2008, des experts scientifiques de la Commission ont remis en cause, dans un document de travail non publié, les bienfaits des biocarburants pour la réduction des gaz à effets de serre.
Un article du Guardian daté du 25 mars 2008 fait écho des inquiétudes du conseiller scientifique du Département pour l’environnement, l’alimentation et les affaires rurales du gouvernement britannique, Bob Watson. Ce scientifique reconnu met en garde contre l’introduction de quotas obligatoire pour l’utilisation de biocarburants avant que leurs effets aient été correctement évalués.
Ces incertitudes ont poussé les industriels du secteur à développer une seconde génération de biocarburants. Encore au stade de l’évaluation et des études, cette nouvelle génération de biocarburants sera produite à base de matières ligno-cellulosiques ou de « bois », utilisant de nouvelles technologies pour convertir la biomasse en liquide (BTL).
Pour en savoir plus, consulter le dossier «Biocarburants : une alternative pour lutter contre le réchauffement climatique ?», réalisé par Euractiv
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