Cet article vous est proposé par ALCOME
Changer les gestes et structurer l’action : les nouveaux leviers anti-mégots des villes
Publié le 12/06/2025 • dans : Contenu partenaire
Chaque jour en France, plusieurs dizaines de millions de mégots finissent sur les trottoirs ou dans les caniveaux, générant une pollution persistante et coûteuse pour les collectivités. Rien qu’à Paris, 4 à 5 millions de mégots sont abandonnés quotidiennement dans l’espace public, engendrant une dépense annuelle estimée à 10 millions d’euros en nettoyage. Face à cette problématique aussi complexe qu’onéreuse, les méthodes traditionnelles (sensibilisation, répression ou ramassage intensif) se révèlent insuffisantes.
C’est dans ce contexte précis que la loi AGEC a introduit en 2021 une Responsabilité élargie du producteur (REP) appliquée aux mégots de cigarette. L’éco-organisme agréé Alcome pilote désormais cette filière, en apportant aux collectivités un financement dédié à la gestion des mégots via une compensation financière forfaitaire. Au-delà du soutien économique, Alcome propose également une expertise opérationnelle en matière de sensibilisation via les sciences comportementales. C’est dans ce cadre que s’inscrivent les « nudges ».
Popularisés par le marketing social, ce sont des dispositifs visuels ou matériels visant à modifier subtilement mais concrètement le comportement des usagers. Ces derniers peuvent par exemple prendre la forme de marquages au sol, de pictogrammes explicites ou de cendriers intégrés directement aux corbeilles. Pour tester l’efficacité réelle de cette méthode, Alcome a lancé en 2023 une expérimentation dans six territoires volontaires, afin d’évaluer précisément quels dispositifs déclenchent efficacement le changement de comportement chez les fumeurs.
A Strasbourg, un déploiement structuré et ciblé
À Strasbourg, la lutte contre les mégots s’est traduite dès 2024 par une stratégie territoriale ciblée, et structurée autour de huit sites pilotes soigneusement sélectionnés : des places, des rues commerçantes, des zones à forte fréquentation piétonne ou étudiante. L’objectif étant de mesurer concrètement l’effet des nudges sur les comportements des fumeurs en contexte réel, tout en distinguant les lieux dits « statiques » (comme les arrêts de bus ou tram) des axes de passage.
Sur ces sites, la collectivité a activé plusieurs leviers complémentaires : affichage dédié, marquages temporaires au sol, pose de stickers sur les corbeilles de propreté et les bornes BigBelly. Une attention particulière a été portée à la mobilisation des agents municipaux, avec l’organisation d’opérations « Clean Up Mégots » et la distribution de cendriers de poche. Cette approche a permis de sensibiliser à la fois les usagers de l’espace public et les équipes sur le terrain.
Des campagnes de comptage ont été réalisées entre avril et juin 2024, pour objectiver les résultats. « Nous avons déjà constaté une forte diminution des jets de mégots dans les lieux dits statiques, comme la place Kléber, Gallia-CROUS ou la rue Martin-Schongaue, même si l’impact est moins fort sur les lieux de passage » analyse Justine Mahé, cheffe de service Propreté Urbaine de la ville de Strasbourg. « Ces constats nourrissent toutefois un plan d’action 2025 qui prévoit un élargissement du dispositif à d’autres secteurs jugés sensibles. »
De l’expérimentation à la stratégie : les clés d’une mise en œuvre réussie
Réduire de 35% la présence de mégots sur la voie publique d’ici 2027, comme l’ambitionne l’Eurométropole, suppose plus qu’un simple déploiement de dispositifs visuels. L’expérimentation menée en 2024 l’a montré : les nudges peuvent améliorer les comportements, mais leur impact dépend fortement des conditions de mise en œuvre. Choix des emplacements, clarté des messages, lisibilité des marquages, mobilisation des agents… Autant d’éléments qui transforment un dispositif isolé en levier crédible de changement.
Autre leçon : les nudges donnent leur pleine mesure lorsqu’ils s’inscrivent dans une stratégie globale. Affichage, distribution de cendriers de poche, campagnes de sensibilisation, suivi des usages sur site et mesure des effets : c’est bien la combinaison de ces actions, répétées dans le temps, qui permet de faire évoluer les pratiques.
Pour les collectivités, l’appui d’un éco-organisme comme Alcome permet également de structurer cette démarche en plusieurs volets, du cadrage méthodologique au soutien financier en passant par la mise à disposition de supports éprouvés. Dans la lutte contre les incivilités du quotidien, l’enjeu n’est pas tant d’innover à tout prix que d’orchestrer les bons outils, au bon endroit et au bon moment.