Dans bien des collectivités, la tentation est grande de penser qu’une cybersécurité efficace reste définitivement hors de portée. Pour de multiples raisons que ce soit le manque de moyens, l’absence d’experts ou par découragement face à la situation… Pourtant, une autre vérité se remarque aussi sur le terrain : de nombreux outils sont déjà en place, mais souvent ils sont sous-utilisés ou simplement mal exploités.
« Le premier pas, ce n’est pas de racheter du matériel, c’est de faire l’état des lieux de ce qu’on a », conseille Benoît Grünemwald, directeur des Affaires Publiques chez ESET. Inventaires matériels, consoles de supervision ou politiques d’accès : la base est souvent en place, mais encore faut-il en faire un véritable levier d’action.
Car il ne s’agit presque jamais de tout reconstruire. Mais plutôt de débuter par des actions pragmatiques, à commencer par un inventaire des outils et des fonctions utilisables par exemple. En l’occurrence un antivirus moderne, bien configuré, peut bloquer des attaques sophistiquées. Ce n’est pas une solution à minima, mais un socle de protection, souvent sous-estimé. Ce qui manque sur le terrain ce n’est donc pas la technologie, mais bien souvent la méthode.
Et surtout, il ne faut pas rester seul. Certains éditeurs proposent un accompagnement humain, capable d’aider à mieux exploiter l’existant. Pas pour faire plus, mais pour faire mieux ; et ça change tout !
Rationaliser sans sacrifier : l’art de faire mieux avec moins
Comment protéger des systèmes critiques avec peu de moyens, sans alourdir le quotidien des équipes ? La réponse à cette question, banale au sein des établissements publics, tient en un mot : rationalisation.
Plutôt que de superposer les couches de sécurité, il s’agit de mieux articuler celles déjà en place. Trop de collectivités utilisent leurs outils comme des blocs indépendants, sans coordination ni vision d’ensemble. Or, une console unique bien exploitée permet souvent de centraliser la supervision, repérer les vulnérabilités ou détecter les logiciels obsolètes. C’est un gain d’efficacité immédiat et sans surcoût.
Ce qui compte, ce n’est pas d’avoir le dernier bijou technologique, mais de savoir tirer le meilleur de ce qu’on a déjà. Un module de gestion des appareils mobiles (MDM), des fonctions de contrôle des données (DLP), même partielles, peuvent être activés en quelques clics et offrir un cadre de sécurité opérationnel. Un EDR, par exemple, ne suffit pas à lui seul à répondre aux exigences de la directive NIS2, mais en constitue déjà les principales fondations.
Les collectivités n’ont donc pas besoin d’une cyber-usine à gaz. Elles ont besoin de solutions lisibles, souples et capables de s’adapter à la réalité du terrain. C’est à cette condition qu’on allège la charge des équipes et que l’on construit une sécurité durable, sans sacrifier le bon sens.
Arrêtez de lutter seuls : des aides existent et elles fonctionnent
L’isolement est l’un des pièges les plus silencieux de la cybersécurité locale. Entre la complexité technique, la solitude décisionnelle et la pression des urgences, de nombreux responsables IT ont le sentiment de devoir tout porter seuls. Pourtant, des dispositifs existent… et ils ont fait leurs preuves.
Le MOOC proposé par Cybermalveillance.gouv.fr, par exemple, permet en deux heures de se former à la gestion de crise cyber, sans jargon ni surcharge technique. C’est une première étape, accessible à tous les décideurs ainsi qu’à leurs dirigeants. Autre exemple : le dispositif « Mon Aide Cyber », piloté par l’État. En quelques heures, il offre un audit de situation avec un expert indépendant. Le but ? Dresser un état des lieux, sans jugement, et orienter vers des actions simples et réalistes. Certaines collectivités peuvent aussi s’inspirer du plan CARE, dédié aux établissements de santé, pour initier une démarche de financement adaptée.
« Ces dispositifs ne remplacent pas une stratégie, mais ils donnent un cadre, une impulsion, une méthode pour avancer sans être expert », insiste Benoît Grünemwald. À cela s’ajoute le rôle structurant des partenaires de type MSP /MSSP, qui peuvent prendre en charge une partie de la supervision, du tri des alertes ou du pilotage de la sécurité. Bien choisis, ces relais renforcent les équipes internes au lieu de les remplacer.
L’ensemble de ces leviers démontre aussi que l’essentiel est de comprendre que la collectivité n’est pas seule face aux menaces. La cybersécurité n’est donc plus une affaire de spécialistes isolés. Elle devient une compétence collective, structurée autour de relais, de parcours et de partenariats. L’un des vrais risques, aujourd’hui, n’est pas de manquer de moyens. C’est de rester seul à essayer de tout résoudre.