Ambitieux et radical… mais non financé ! Dans le cadre du dixième anniversaire de l’accord de Paris, l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) a présenté, le 5 mai à l’hôtel de ville de Paris, les résultats d’une étude sur les impacts économiques et financiers du plan climat 2024-2030 de la capitale. Des objectifs à hauteur de 2 milliards d’euros annuels, à financer par la ville, les entreprises et les ménages.
Si les experts estiment les bénéfices « importants » avec une réduction de 50 % des émissions de CO2 « atteignable », ils pointent aussi du doigt la nécessité d’une coordination avec l’Etat et d’une articulation des transports avec la région. Pour Xavier Timbeau, directeur de l’OFCE, le financement est bien « un obstacle » à la mise en œuvre réussie du plan.
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+30 % d’investissement annuel nécessaire
Selon l’étude, en 2030, les émissions de CO2 devraient avoir diminué de 65 % par rapport à 2004, pour atteindre -94 % en 2050. Mais « cela coûtera cher » aux entreprises (+630 millions d’euros par an) et à la ville de Paris (500 millions, soit +30 % d’investissement, selon l’économiste Jean Pisani-Ferry). Pour les ménages, le reste à charge tournera autour de 262 millions.
A la question de la rentabilité, l’OFCE ne la voit pas atteinte avant 2060, mais si le plan climat n’est « pas rentable d’un point de vue privé, l’équilibre des comptes est prévu pour 2042 et il sera rentable d’un point de vue social ». L’étude mentionne ainsi les bénéfices sur la qualité de vie des habitants.
Des contraintes sans bénéfice
Pour chaque année, l’OFCE prévoit 16 000 nouveaux emplois en Ile-de-France et 26 000 en France, à condition que des crédits formation aient été déployés pour une main d’œuvre qualifiée. La contrainte est la même pour le financement des travaux de rénovation.
Pour Jean Pisani-Ferry, les économies d’énergie seront « lentes et inférieures à l’investissement nécessaire », plus rentables sur le collectif que sur le logement privé, et la réalisation des travaux nécessitera une disponibilité en temps et en nombre d’artisans, alors que la création d’emplois porte sur un secteur déjà en tension. L’économiste insiste aussi sur le fait que les bénéfices sociaux, « considérables » pour les Parisiens, contraindront les habitants des autres départements franciliens sans leur apporter de bénéfice, notamment en raison des restrictions de circulation. Enfin, Paris ne doit pas oublier que certaines politiques ne relèvent pas de sa compétence, mais de la région ou de l’Etat.
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Quelle priorité pour les municipales ?
François Thomazeau, directeur de programme à l’Institut de l’économie pour le climat (I4CE), estime que les élections municipales donneront aux candidats l’opportunité de se démarquer sur les questions de transition écologique. Thomas Rougier, secrétaire général de l’Observatoire des finances et de la gestion publique locales (OFGL), admet que la situation financière « n’empêche pas d’être ambitieux » et que le bloc communal sera bien au rendez-vous de l’investissement d’ici à 2026, en affichant +8 milliards d’euros environ, par rapport au mandat précédent.
Mais la réforme fiscale et la situation financière des départements privent les collectivités locales d’une capacité à s’engager « dans un projet fort », face à un manque de lisibilité financière ou d’un recours accru à l’endettement. Quand les experts en transition écologique attendent que ce sujet soit tête de chapitre des programmes municipaux, Thomas Rougier ne cache pas que « faire du climat un sujet central plus fort que les politiques locales ou la vidéo-protection va être difficile » au regard des attentes des habitants.
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