La transition énergétique s’invite dans les collectivités territoriales. Ces dernières se révèlent forcément sensibles aux questions telles que la qualité de l’air et du pouvoir d’achat de leurs habitants, notamment en matière de coût des énergies.
Dans la Somme, les réflexions ont pris une dimension particulière. « La feuille de route adoptée par la métropole d’Amiens, dès 2019, prévoit d’aboutir à l’autonomie énergétique en 2050 » confirme Benoît Mercuzot, élu délégué aux finances de la ville d’Amiens et d’Amiens-Métropole. L’ambition suppose de produire autant d’énergie que celle consommée dans le territoire. Face à des besoins croissants, et à l’heure où le coût des énergies progresse, la collectivité s’est engagée à faire œuvre utile en s’orientant vers les énergies renouvelables. La démarche s’est en partie traduite par la mise en place d’une centrale solaire à Vauvoix, au nord-ouest d’Amiens.
Un projet co-construit avec la ville
Aménagées dans une ancienne carrière de craie, les installations s’étendent sur 12 hectares pour une surface totale de 18 hectares, détaille Emma Ribaux, cheffe de projets de TotalEnergies Renouvelables France. Les 20 000 panneaux, d’une puissance cumulée de près de 11 mégawatts, assurent une production d’électricité renouvelable équivalente à la consommation électrique annuelle de 8 800 habitants.
Co-construite avec la ville, la création de la première centrale solaire de la Somme s’inscrit dans un projet de territoire. De la conception à la mise en service, en passant par sa construction, le projet s’est concrétisé en moins de 5 ans. L’accompagnement de la collectivité par des compétences techniques, juridiques et économiques, s’est révélé essentiel pour mener à bien un tel projet dans un délai réduit. Ici, l’expérience de TotalEnergies Renouvelables France, issue des plus de 700 centrales de production d’électricité renouvelable déjà installées dans l’hexagone, a été une force. « L’un des principaux enjeux est de développer un projet compatible avec le terrain et la nature des sols, souligne Emma Ribaux. Il doit être aussi dimensionné au territoire pour être cohérent, tout en prenant en compte l’aspect local et son intégration au sein de la collectivité. »
Un financement participatif des citoyens
Si le programme mené dans la Somme se distingue par la participation de la ville à hauteur de 40 % du capital de la société de projet, il se caractérise également par son financement participatif. La démarche constitue une première dans le département. Elle représente 5 % du coût global, soit 400 000 euros (pour un investissement global de 8,8 millions d’euros).
Au-delà de l’aspect financier, l’objectif était de mesurer l’intérêt des habitants, et leur confiance dans le projet. Ainsi, 146 prêteurs ont apporté leur contribution avec une participation moyenne de 2650 euros. 90 % des contributeurs résident dans les 39 communes de la métropole amiénoise.
Au cœur des territoires, le financement participatif constitue une voie d’avenir qui fait école. « Les collectivités doivent s’investir sur les questions énergétiques, explique Benoît Mercuzot. Au-delà de la production d’une électricité locale et décarbonée, la compétitivité des énergies renouvelables est un plus pour les habitants. » Le mécanisme pourrait d’ailleurs devenir une preuve d’engagement en faveur de la transition énergétique, appelé à donner un écho particulier à un projet, tout en favorisant l’adhésion des habitants.
La territorialisation de la production d’énergie
Raccordée au réseau depuis l’an dernier, la centrale solaire de Vauvoix est exploitée par les équipes de TotalEnergies Renouvelables France en charge également de sa maintenance. Sa gestion repose sur un contrat avec la métropole établi pour une durée de 20 ans. L’électricité produite est revendue via un CPPA (corporate power purchase agreement), assurant la rentabilité de l’investissement.
Fort de ce succès, la métropole d’Amiens multiplie les projets, des réseaux de chaleur à la solarisation des toitures, et souhaite accompagner les particuliers dans leur projet. Le « réenracinement » de la production d’énergie dans les territoires constitue un élément de réflexion appelé à s’inviter à l’avenir dans toutes les collectivités territoriales. La démarche participe ainsi au bon développement de la production d’énergies décarbonées et locales.