Le partage des retombées économiques des énergies renouvelables (EnR) constitue un levier essentiel pour renforcer et accélérer l’appropriation citoyenne de la transition énergétique. En permettant aux collectivités et aux citoyens de bénéficier directement des projets implantés sur leur territoire, il renforce la résilience locale. L’Allemagne montre la voie avec des modèles inspirants, alors que la France peine encore à instaurer un cadre législatif adéquat.
Le parc éolien de Hoort, situé dans le nord de l’Allemagne, en est un exemple emblématique. Pionnier dans le domaine, le promoteur Loscon GmbH a décidé d’ouvrir 25 % des parts du projet aux habitants et collectivités voisines. Résultat : les retombées économiques ont permis à la commune de Hoort de rénover ses infrastructures et d’assurer son budget pour les vingt prochaines années. En France, le parc éolien de l’Hyrôme illustre une dynamique similaire : avec le soutien d’Énergie Partagée, citoyens et collectivité ont racheté le projet au développeur privé Nordex, démontrant l’efficacité de la mobilisation locale malgré les obstacles financiers.
Mais que faire en l’absence de promoteur ou de collectifs citoyens engagés ? Pour généraliser ce modèle, des mesures législatives sont indispensables. Le Land de Mecklembourg-Poméranie-Occidentale a ainsi imposé dès 2016 aux promoteurs d’ouvrir au moins 20 % des parts des projets EnR aux communes et habitants situés dans un rayon de 5 km.
Lors du repowering du parc éolien de Schönberg en 2020, cette loi a permis à la commune de Dassow d’investir et, en raison de la hausse des prix de l’énergie, de réaliser un bénéfice en seulement trois ans. Ces revenus financent aujourd’hui divers projets locaux, comme l’installation de panneaux photovoltaïques, la modernisation de l’éclairage public en LED ou encore la construction d’une maison associative.
D’autres Länder allemands ont suivi cette voie : le Brandebourg, par exemple, impose aux promoteurs un versement annuel de 10 000 € par éolienne aux communes situées dans un rayon de 3 km. À partir de 2026, la loi prévoit de passer à un versement annuel de 5 000 € par mégawatt (MW) installé, ce qui représenterait environ 30 000 € par an pour une éolienne moderne.
En France, bien que la loi APER de 2023 ait prévu une contribution des promoteurs (article 93), le décret d’application se fait attendre. De plus, le dispositif proposé – un versement unique de 17 500 € par MW installé – reste bien moins ambitieux que les mécanismes pérennes allemands.
Si l’Allemagne a de quoi apprendre de la France en termes d’autoconsommation collective, la France gagnerait, elle, à s’inspirer des modèles allemands de partage de la valeur, comme le recommandent le Forum pour l’avenir franco-allemand ou encore le réseau Cler. À quand donc un décret d’application à la hauteur des enjeux ?
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