L’annonce par le gouvernement de l’augmentation des prix du gaz réduit l’écart entre les tarifs réglementés et ceux appliqués par les concurrents des opérateurs historiques. L’abandon de ces tarifs spéciaux est cependant encore lointain.
Les tarifs régulés du gaz vont-ils rattraper les prix sur le marché libéralisé ?
A la suite de la nouvelle augmentation des prix des tarifs réglementés du gaz naturel, qui devrait survenir d’ici la fin du mois selon le communiqué de presse de Bercy, la question se pose. Le gouvernement a en effet proposé, le 8 avril, d’augmenter les tarifs de Gaz de France (GDF) pour les ménages de 5,5%, ce qui se traduirait, dans la facture des foyers, par une augmentation de 4 euros par mois.
La décision du gouvernement survient quelques mois seulement après une première augmentation de ces tarifs de 4%, au 1er janvier 2008. Avant cette date, les prix étaient stables depuis mai 2006.
« On n’en est pas là », explique Jan Horst Keppler, professeur à l’Université Paris-Dauphine et chercheur associé au programme de l’Ifri « Gouvernance européenne et géopolitique de l’énergie ». A terme, c’est pourtant l’objectif. La libéralisation des marchés européens de l’énergie a été totalement achevée le 1er juillet 2007. Auparavant, l’ouverture des marchés à la concurrence pour les professionnels avaient eu pour conséquence une croissance des prix.
Pour empêcher une augmentation trop forte de la facture pour le consommateur, le gouvernement a donc, à l’époque, décidé de ne pas abandonner ses tarifs réglementés. Ils devraient rester en vigueur jusqu’en 2010, voire plus tard encore, si l’on en croit les déclarations de la ministre de l’Economie, Christine Lagarde, à ce sujet en octobre dernier. De leur côté, les concurrents des opérateurs historiques appliquent les prix du marché.
Pour le gouvernement, « ce réajustement reflète strictement l’évolution des coûts d’approvisionnement de Gaz de France. ». Les tarifs appliqués par Gaz de France sont en effet indexés sur les prix du pétrole, et mercredi, le prix du baril a atteint 108$.
Si la décision prise par Bercy est vivement dénoncée par l’opposition et les syndicats, qui considèrent qu’elle représente une menace supplémentaire pour le pouvoir d’achat des Français, elle recueille le soutien des concurrents de GDF.
En effet, pour ces nouveaux opérateurs, une augmentation des tarifs réglementés, telle que celle que le gouvernement entend appliquer à la fin du mois, pourrait permettre de réduire l’écart et de favoriser la concurrence. Depuis la libéralisation, la part des ménages qui ont quitté GDF ou EDF est restée minime, même s’il semble difficile de se procurer le chiffre exact.
Il s’agit maintenant d’attendre l’avis purement consultatif mais obligatoire de la Commission de Régulation de l’Energie, à qui le gouvernement a remis sa proposition d’arrêté, pour que la décision du gouvernement entre en vigueur.
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