Du Portugal au Japon, en passant par des villes françaises comme Angers, le plan de déplacements de l’Eurométropole de Strasbourg inspire les pouvoirs publics. Comment le territoire a-t-il réussi à unifier ses 33 communes autour d’un réseau de transports en commun innovant ? Pour Pia Imbs, la présidente de l’Eurométropole, le leitmotiv est clair : « Pour être véritablement efficace, notre réseau devait remplir trois objectifs : la flexibilité, pour être en accord avec le mode de vie actuel de nos usagers, le cadencement pour réduire leur temps d’attente et l’amplitude horaire pour répondre à leurs besoins. »
Métropole pionnière
Et le pari est réussi. L’Eurométropole de Strasbourg est aujourd’hui la première métropole cyclable de France avec 11 % des trajets quotidiens réalisés à vélo. Un engouement facilité par le large parc de bicyclettes en libre-service et quelque 600 kilomètres de pistes cyclables qui relient la ville et la campagne. Les usagers peuvent également compter sur le deuxième plus grand réseau de tramway après Paris, dont une des lignes relie même la France et l’Allemagne.
Depuis 2022, grâce à un partenariat volontariste avec la Région Grand Est, Strasbourg est aussi la première métropole de province équipée d’un REME (Réseau express métropolitain européen) , avec des trains circulant toutes les trente minutes et toutes les quinze minutes en heure de pointe. Enfin, pour apaiser les déplacements à pied, une grande percée piétonne traverse la ville. Elle sera complétée d’ici 2030 par trois autres axes dédiés à la marche.
Pour que les 500 000 habitants de l’Eurométropole puissent profiter de cette offre, l’Eurométropole de Strasbourg a mis en place des tarifs sociaux basés sur les revenus et la gratuité pour les moins de 18 ans. Résultat, en 2023, l’Eurométropole a vu son parc automobile baisser de 7 000 véhicules. « Quand on offre du cadencement, les usagers s’en saisissent, car les transports sont moins chers que le litre d’essence », souligne Pia Imbs. « Il ne s’agit cependant pas de bannir la voiture, ajoute-t-elle. Elle peut s’avérer indispensable, mais dans le quotidien des gens, il est de notre responsabilité de proposer une offre de transports en commun riche. »
« Hop », des solutions innovantes
Outre les bus, trains et tramways, les usagers peuvent compter sur des solutions qui leur permettent de créer leur itinéraire sur-mesure. Vel’hop, le service de vélos en libre-service, Flex’hop, celui de transport à la demande et Aut’hop, la plateforme de covoiturage, favorisent ainsi la multimodalité. « Hopla en alsacien signifie notamment « c’est parti ! » », explique la présidente de l’Eurométropole. « L’idée, c’est vraiment de rappeler que l’on circule mieux et plus vite en transports en commun qu’en voiture. »
Si on connaît bien le système de vélos en libre-service, déjà déployé dans de nombreuses villes françaises, le transport à la demande reste quant à lui marginal. En Alsace, c’est à Holtzheim, la ville dont Pia Imbs est maire depuis 2014, que Flex’hop a vu le jour. Aujourd’hui, le réseau couvre 25 communes sur les 33 que compte la métropole. Pour le prix d’un ticket de bus, les utilisateurs peuvent réserver un trajet par téléphone ou via une application, entre 15 jours et 30 minutes avant la prise en charge. Disponible entre 5 heures du matin et minuit, le service permet aux lycéens et collégiens des zones isolées de rejoindre un arrêt de bus ou une gare pour se rendre à l’école. « C’est aussi très pratique pour les seniors qui ne peuvent plus conduire et qui doivent se rendre à un rendez-vous médical ou aller faire leurs courses », détaille la présidente de l’Eurométropole. Au total, plus de 300 arrêts sont ainsi desservis par la flotte de minibus pour compléter l’offre bus/tram de la CTS.
Le covoiturage a également été fortement incité par l’Eurométropole strasbourgeoise pour améliorer la qualité de l’air en ville et réduire le nombre de véhicules sur la route. Grâce au système Aut’hop, les usagers trouvent en quelques clics une voiture et voyagent gratuitement. Le conducteur, lui, bénéficie d’une aide financière calculée en fonction du nombre de kilomètres réalisés et du nombre de passagers pris en charge. Jusqu’à 150 euros par mois, l’équivalent de deux pleins d’essence. Et pour fluidifier les déplacements des 6 500 inscrits sur l’application, des voies leur sont désormais réservées de 6 heures à 19 heures sur l’autoroute M35.
Pour financer ce dispositif de mobilité exemplaire, l’Eurométropole a investi massivement, bien au-delà des préconisations de la loi Climat, en allouant un budget d’un demi-milliard d’euros aux transports en commun.
Contenu proposé par Eurométropole de Strasbourg