Au cœur des projets de développement des villes, le jumeau virtuel se distingue par son approche « scientifique », rappelle Mahel Abaab-Fournial, Directeur de la Stratégie pour les Villes et le Secteur Public chez Dassault Systèmes. La démarche repose sur la capacité à « dé-siloter » une masse de données et à la transformer en une source d’information parfaitement exploitable. « Le premier enjeu est de croiser les données, souligne l’expert. Car elles se révèlent souvent hétérogènes et complexes. L’objectif est de permettre aux décideurs publics d’agir à partir de données contextualisées sur une représentation virtuelle du territoire ».
Modéliser en 3D la réalité d’un quartier, d’une ville ou d’un territoire permet ensuite d’introduire des capacités de simulation. « Nous pouvons simuler dans le virtuel différentes variantes de projets, de manière à anticiper précisément leurs impacts avant de les déployer dans le réel. »
Un jumeau virtuel offre la possibilité aux décideurs publics de réaliser des « crash tests » de politiques publiques, tout en offrant également un outil pour expliquer les décisions prises, remarque Mahel Abaab-Fournial.
À la portée de toutes les collectivités
La mise en œuvre de jumeaux virtuels fait particulièrement sens dans le cadre des projets de transformation urbaine. Dans le contexte du changement climatique, les villes mettent en œuvre des plans d’actions pour réduire leur empreinte carbone. En effet, 75% des émissions de CO2 au niveau mondial provient des villes. Il devient essentiel de leur permettre de quantifier les résultats de nouvelles politiques publiques pour valider l’efficacité des actions mises en œuvre, tout en analysant leurs impacts sur le long terme.
A titre d’illustration, les projets d’aménagement de la mobilité, tels que la piétonisation, et le développement de la mobilité douce peuvent avoir, malgré leurs bienfaits sur la qualité de l’air et la réduction des nuisances sonores, des répercussions importantes sur le trafic en ville qu’il convient d’anticiper et d’expliquer.
L’utilisation de la technologie du jumeau virtuel associée aux simulations devient un outil de pilotage de ces actions. Au-delà de la mobilité, le sujet peut également s’appliquer au phénomène d’îlots de chaleur, ou la mise en place, entre autres, de corridor rafraîchissant, ou d’espaces verts pourront être évalués avant leur installation.
Le jumeau virtuel est désormais une technologie accessible à tous les territoires. Le déploiement d’une approche novatrice et incrémentale portée par les équipes de Dassault Systèmes contribue à présent à démocratiser la technologie. « Face à des irritants forts, une collectivité peut choisir d’appliquer une approche numérique centrée sur un sujet en particulier, ou un secteur géographique précis », explique Mahel Abaab-Fournial. La solution repose sur une démarche partenariale engagée avec la collectivité. « Nous sommes dans une logique de conseil et de services avec le Jumeau numérique en tant que service (jumeau virtuel « as a service »). Dans les faits, les experts de Dassault Systèmes collectent les données de manière à construire le jumeau virtuel, analysent l’impact d’un projet avant de restituer les résultats. » L’approche contribue à mettre le jumeau numérique à la portée des collectivités territoriales de toutes tailles.
Bâtir une stratégie de jumeau virtuel
Le succès d’un tel projet repose toutefois sur des prérequis incontournables.
Elle suppose avant tout de bâtir une « stratégie de jumeau virtuel ». L’objectif est de définir les sujets prioritaires pour les collectivités. « Nous sommes face à une multitude de cas d’usage pour lesquels le jumeau virtuel apporte une valeur ajoutée forte à travers la mise à disposition de données quantitatives pour faciliter la prise de décision. Il est important de commencer par en identifier quelques-uns pour initier la démarche ».
Le second enjeu repose sur la disponibilité des données, qu’elles soient liées à la cartographie, à la qualité de l’air, au bruit, à la circulation, aux températures, etc. La plupart du temps, les données existent et sont disponibles. Il convient alors de les traiter pour les intégrer au sein d’une base de données unique avant de les exploiter.
Enfin, le 3e facteur clé de succès repose sur un leadership fort. Il est une clef du succès, estime Mahel Abaab-Fournial. « Les dirigeants de nos territoires doivent s’emparer de ce sujet stratégique qu’est la transformation digitale des territoires, qui contribuera à délivrer une politique territoriale efficace, résiliente et durable. » Il est également clé d’établir un groupe de travail qui intègre les experts métiers des collectivités ainsi que toutes les parties prenantes impliquées sur le sujet pour fixer les objectifs et suivre le projet avec efficacité.
C’est à partir de ce stade que cette approche novatrice de Jumeau virtuel « as a Service » peut se mettre en place.
L’apport de l’IA dans la planification urbaine
Pour les territoires, le recours à un jumeau numérique contribue également à la création d’un patrimoine digital pour les années à venir. Il permettra d’analyser les actions engagées, de les comparer et de les compléter quelques mois ou années plus tard.
L’avenir se dessine dès à présent à travers l’Intelligence Artificielle. « Dès aujourd’hui, nous pouvons avoir recours à des technologies d’intelligence artificielle générative (LLM : Large Langage Model) pour accélérer le développement de projets urbains en conformité avec l’ensemble des documents et règles d’urbanismes qui existent dans les collectivités ».
L’Intelligence artificielle est capable de proposer des aménagements optimisés, représentés dans le jumeau virtuel. Différents scénarios peuvent être générés, tous compatibles avec les règles d’urbanisme et intégrant les objectifs sociaux, économiques et développement durables. L’apport de cette technologie permet aux agents publics de gagner un temps précieux dans la revue et la validation des projets urbains. Une voie déjà prise à Paris-Saclay.
Pour plus d’information : Cities & Public Services | Dassault Systèmes® (3ds.com)