Les 128 régies de quartier et de territoire, leurs 13 000 salariés et 2 500 bénévoles prennent acte du décret du 21 février 2024 relatif à l’annulation, entre autres, des crédits dédiés au soutien de la politique de la ville (annulation de 49 millions), ou au périmètre des dispositifs d’emploi et d’insertion (229 millions d’euros) et de la vie associative.
A quelques jours de la finalisation de l’écriture, qui se veut concertée, collective, des nouveaux contrats de ville, mais aussi en pleine coconstruction de la feuille de route de l’insertion par l’activité économique, l’impact de ces coupes suscite notre plus vive inquiétude.
Quels signaux souhaite-t-on envoyer à l’ensemble des réseaux associatifs, des services publics, tous investis au quotidien en faveur des habitants des quartiers de la politique de la ville, ces quartiers dits « prioritaires » ? Comment peuvent-ils être qualifiés de prioritaires alors que les moyens indispensables à leur soutien sont amputés ? Est-ce qu’on attend des collectivités territoriales une compensation de ces coupes budgétaires, alors même que leurs marges de manœuvre sont de plus en plus réduites ?
Sur la méthode, enfin, peut-on annuler, par un simple décret, sans discussion au Parlement, les fonds nécessaires au service des territoires les plus démunis ? Toutes ces annulations, qui touchent l’ensemble des grandes politiques publiques, risquent de démultiplier les effets délétères et d’impacter fortement nos concitoyens les plus modestes dans leur vie quotidienne.
Le Mouvement des régies alerte les responsables politiques sur les conséquences de ces décisions qui s’ajoutent aux signaux anxiogènes comme l’inflation, les conflits internationaux, la montée des extrémismes idéologiques, les positions législatives récentes qui remettent en question les droits fondamentaux de la République.
La majorité des régies de quartier et de territoire perçoit la politique de la ville comme un levier efficace en faveur du développement de nouvelles actions ; le contrat de ville est majoritairement considéré comme un moyen de mobiliser des fonds que les structures n’avaient pas auparavant, permettant ainsi d’expérimenter, d’innover et de développer de nouvelles actions à destination des habitants sur des champs transversaux.
C’est pourquoi il est essentiel de renforcer les enveloppes dédiées à la politique de la ville, afin d’éviter, d’une part, un saupoudrage des soutiens, de l’autre, une fragilisation des actions de la politique de la ville. Sortons des logiques d’appels à projets pour privilégier les logiques de financements structurels et pluriannuels !
Plus que jamais la politique de la ville a besoin de moyens à la hauteur des difficultés que vivent les 5 millions d’habitants des quartiers prioritaires de la politique de la ville. Plus que jamais l’engagement financier de l’Etat est nécessaire pour restaurer l’égalité entre les territoires. Nous exhortons donc le gouvernement à reconsidérer ses choix pour concourir à une véritable justice sociale en France.
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