« En 2025, 80% des logements dans lesquels nous allons vivre, existent déjà, d’où l’importance de rénover », a affirmé le président de l’Agence nationale de l’habitat (ANAH), Thierry Repentin, en introduction de son bref discours dans l’Espace Conseil France Rénov’, à Carrières-sous-Poissy. Il a également rappelé les obligations liées à la baisse des émissions de gaz à effet de serre, dont l’habitat est un des principaux émetteurs. Une priorité, donc, illustrée par les chiffres : 623 790 logements privés ont ainsi été rénovés, grâce à 3,12 Mds€ d’aides distribuées qui ont généré 8,46 milliards d’euros de travaux.
La priorité écologique
Après un démarrage poussif, MaPrimeRénov’, qui devrait encore être simplifiée cette année, a bénéficié à plus de 2 millions de logements depuis son lancement, en 2020. Les rénovations d’ampleur ont notamment progressé (+12%) pour atteindre 71 613 logements – mais les gestes uniques comme le changement de chaudière ou de fenêtres restent majoritaires. La priorité du Ministère de la transition écologique est d’accélérer ces rénovations globales, pour atteindre les 200 000 en 2024. C’est pourquoi à partir du 1er juillet, les logements classés F et G ne pourront plus bénéficier de MaPrimeRenov pour des rénovations « mono-geste ».
MaPrimeRénov’ peut être également le levier vers d’autres financements, certains portés par les collectivités locales. Thierry Repentin a aussi témoigné tant que maire (DVG) de Chambéry : « Même si les aides de l’Agence sont importantes, les collectivités peuvent s’impliquer, adapter leurs propres aides localement. A Chambéry, les propriétaires qui obtiennent des aides de l’ANAH, sont exonérés pendant 3 ans à hauteur de 50% de taxe foncière. » Un rappel salutaire, alors qu’en septembre dernier, Laurent Wauquiez avait annoncé le retrait du financement de France Renov de la région Auvergne-Rhône-Alpes.
Déploiement des Espaces conseil
En 2024 le déploiement d’Espaces Conseil France Rénov’ va s’intensifier, ils sont au nombre de 577. Un enjeu capital car beaucoup de ménages renonceraient à leur projet – tant les complexités en sont nombreuses – sans accompagnement. Celui-ci est assuré par les 2519 accompagnateurs France Renov’ aux sein des espaces conseil. Leur rôle est tout aussi important que délicat, puisqu’ils assurent le lien entre le ménage avec les institutions, les entreprises, les artisans. « Les accompagnateurs sont une assurance anti-fraude, ils doivent être indépendants. Ce sont des dossiers solides, qui sont agrémentés », confie la directrice générale de l’ANAH, Valérie Mancret-Taylor. A partir de 2024, l’accompagnement sera obligatoire pour la rénovation globale des logements classés F et G, d’où l’importance de la présence suffisante d’accompagnateurs.
Adaptation aux évolutions
Derrière les urgences écologiques, pointe la démographie. Ainsi, MaPrimeAdapt’, lancée le 1er janvier en remplacement de « Habiter Facile », finance des travaux qui adaptent les logements au vieillissement et au handicap (26 227 logements rénovés par ces aides en 2023). La visite chez une dame âgée et veuve, qui a pu rénover sa salle de bain grâce aux aides de l’ANAH, a donné corps à cette problématique, la dame étant tout aussi contente de sa nouvelle salle de bain de plein pied, que du carrelage au sol, « vraiment antidérapant. » Autre nouveauté de 2024 : deux anciennes aides (Habiter serein et Habiter Sain) fusionnent pour devenir Ma prime logement décent, qui finance le traitement – très long et coûteux – de l’habitat indigne (13 394 logement rénovés en 2023 par ces aides en 2023). L’ANAH demeure enfin un partenaire privilégié des collectivités dans les Opérations programmées d’amélioration de l’habitat (OPAH). « Nous avons doublé leur nombre depuis 2018, pour atteindre 1099 en 2023 », souligne Valérie Mancret-Taylor.