Le projet de ligne électrique à très haute tension (THT) entre la France et l’Espagne ne fera pas l’objet d’un nouveau débat public. La Commission nationale du débat public (CNDP), réunie le 5 novembre 2008, a rappelé que ce projet avait déjà fait l’objet d’une telle consultation au printemps 2003, et que l’opportunité de l’interconnexion avait alors été «largement débattue». La commission formule toutefois une série de recommandations à l’intention du maître d’ouvrage sur les modalités de la concertation préalable. Celle-ci devra être menée «sous l’égide d’une personnalité indépendante» et «fera une large place à l’expression de la population». Elle portera «sur les options de tracés» et prendra en compte «les aspects environnementaux». «Elle portera également sur les modalités de la concertation jusqu’à l’enquête publique et durant les travaux».
Atteinte au paysage
Le premier débat public, qui portait sur la réalisation d’une ligne THT de 90 kilomètres entre Baixas, près de Perpignan, et Bescano, en Espagne, avait mis évidence la très forte hostilité de la population des Pyrénées-Orientales à toute solution aérienne susceptible de porter atteinte au paysage. Il avait conduit le maître d’ouvrage, RTE, à retirer son projet, sans remettre en cause toutefois l’objectif consistant à porter de 1.400 à 2.800 MW la capacité d’interconnexion électrique entre la France et l’Espagne.
Début 2008, l’ancien commissaire européen Mario Monti, chargé d’une mission de coordination, avait déminé le dossier en suggérant la réalisation d’une ligne «souterraine dans sa totalité entre Baixas et Santa Llogaia» (près de Figueres), «en courant continu» et «empruntant un cheminement terrestre s’appuyant dans la mesure du possible sur des infrastructures existantes». Cette solution a été entérinée par les deux gouvernements lors du sommet franco-espagnol du 27 juin dernier. Le projet doit être porté par une société franco-espagnole associant les deux opérateurs électriques, RTE et REE. Cette société est en cours d’immatriculation.
Pas de nouveau débat public
La décision de la CNDP de ne pas organiser de nouveau débat public devrait contribuer à raccourcir le calendrier de réalisation de la future ligne. Elle est fraîchement accueillie par le Collectif d’associations qui s’opposait au projet aérien. «C’est la première fois en Europe que sera réalisée une ligne enfouie en courant continu sur une si longue distance, commente Jean-Jacques Planes, porte-parole du Collectif et président de la Fédération du Bâtiment des Pyrénée-Orientales. Ce projet aurait mérité un débat public, et qui plus est un débat public organisé en France et en Espagne. Le fait qu’il y ait une concertation est positif mais les choses ne seront pas aussi clairement actées qu’elles l’auraient été à l’issue d’un véritable débat public. Nous sommes déçus. Nous demandions une coupe pleine, nous avons une coupe à moitié vide».
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