La Cour des comptes va enfin avoir un premier président titulaire. Mercredi 3 juin, Pierre Moscovici, ancien Commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, à la Fiscalité et à l’Union douanière sera officiellement nommé en Conseil des ministres, après bien des hésitations de la part notamment de l’Elysée, selon les déclarations de proches du président de la République cités dans la presse.
Quatre mois de transition
Il aura fallu pas moins de quatre mois pour trouver un remplaçant à Didier Migaud parti depuis janvier dernier à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique. Un match aurait eu lieu entre l’ancien ministre de l’Economie et des finances socialiste de 62 ans et l’actuel président de la commission des finances de l’Assemblée nationale Eric Woerth. Emmanuel Macron a finalement tranché en faveur du premier, qui l’avait traité, alors qu’il avait déjà fait sa demande de nomination à la tête de la Cour des comptes, de « populiste mainstream ».
Pas rancunier, le président de la République ? Les proches du chef de l’Etat regrettent surtout que l’absence de candidats sérieux du côté de LRM ait finalement poussé l’Elysée à faire ce choix par défaut.
Un Apparatchik avec peu d’expérience locale
Pourtant, Pierre Moscovici connait la maison, pour y avoir fait ses premières armes en 1984 dès la sortie de l’ENA, dont l’un de ses professeurs n’était autre que Dominique Strauss-Khan, qu’il soutiendra jusqu’à la calamiteuse primaire socialiste de 2012. Son passage à la haute juridiction financière est brève.
Il entame une carrière d’apparatchik au PS, notamment auprès de Lionel Jospin, qui le nommera en 1997, après bien des passages en cabinet, dans son gouvernement au poste de ministre chargé des Affaires européennes. En attendant ce portefeuille, il est encouragé à briguer des mandats électifs locaux et nationaux. Il est élu en 1994 conseiller général du Doubs, puis en 1998, conseiller régional de Franche-Comté. Entre-temps, il aura pris la tête durant 22 jours de l’Agglomération du Pays de Montbéliard, tout en étant élu pour un mois député du Doubs avant d’obtenir son premier maroquin ministériel. Il retrouvera ces deux mandats respectivement à partir de 2008 et 2007 jusqu’en 2012.
La victoire de François Hollande le propulse à Bercy de 2012 à 2014. Mais critique vis-à-vis du « ras-le bol fiscal », une expression qu’il a lui-même utilisée pour qualifier la politique dont il était alors responsable, il veut prendre du champ et manœuvre pour s’expatrier à Bruxelles au commissariat aux affaires économiques.
Pédagogie du monde local
Fort de ce parcours local –court- , national –étoffé- et international –constant-, il devra composer avec un exécutif qui ne lui ait pas acquis, un monde local qu’il a connu en grande forme financière et surtout un contexte national financièrement grevé par la crise sanitaire et économique. De leur côté, les élus locaux savent qu’il va falloir faire preuve de beaucoup de pédagogie avec ce partisan de l’orthodoxie budgétaire. Comme ils ont su le faire, avec succès, avec Didier Migaud.
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