« Les élus sont confrontés à des crises sur leur territoire qu’ils découvrent parfois tardivement et dont ils doivent assurer la gestion. Attentats, troubles à l’ordre public, émeutes, tensions communautaires ou installations de « zones à défendre » (ZAD) en sont des illustrations. Ces événements s’analysent comme un enchaînement de phases qui comportent des temporalités très variables.
L’une des phases cruciales est celle de la « confusion » qui s’installe immédiatement après un incident majeur, avec un emballement des médias, des réseaux sociaux et la circulation de rumeurs. Les phases qui suivent, à savoir la phase de secours aux victimes, celles d’enquête de terrain et du temps judiciaire, celle des déclarations officielles pour répondre aux demandes de clarification puis celles de reprise des fonctionnalités pour réinstaurer le lien avec les administrés, obéissent à des règles. Chaque phase nécessite une réponse opérationnelle soutenue par des actions de communication pour rétablir la réalité des faits et amener la population à comprendre le bien-fondé de la gestion de l’événement. Dans ces situations, les collectivités doivent appréhender quatre points majeurs.
1. Les différences de cultures organisationnelles
Les critères d’analyse des crises sont différents selon les responsabilités que l’on assume : maire, préfet ou représentant des forces de l’ordre. Ces cultures cohabitent et doivent se concilier pour accélérer l’analyse de la situation et la prise de décision. En effet, les élus comme les représentants de l’Etat disposent de pouvoirs et prérogatives indépendants les uns des autres. Aucun d’eux ne devrait ralentir l’action des autres.
2. La gestion des relations et des informations avec les autorités administratives pour une parfaite coordination entre les différentes institutions
Le déclenchement de l’information et les prises de décision sont retardées par la superposition de strates décisionnelles internes à l’organisation, et externes du fait de la cohabitation avec d’autres administrations. L’enjeu demeure la fluidification des engorgements d’informations dans les hiérarchies administratives. Une gestion parfaite impose une organisation réticulaire hyper-réactive.
3. Les risques de la communication externe
Le développement des réseaux sociaux et des médias d’information en continu entraîne un double risque : une multiplication des rumeurs et fake news pouvant déboucher sur une aggravation des comportements, notamment en cas d’émeutes ; et une entrave à l’action des forces de l’ordre, comme lors de l’attaque dite « de l’Hyper cacher » avec une médiatisation en direct de l’intervention du Raid.
4. Le positionnement de l’élu face aux événements
Lors d’un événement où l’élu se retrouve au centre d’une relation entre les forces de l’ordre, les fauteurs de trouble et la population, répondre à la question « de quel côté dois-je me situer ? » relève du dilemme. Affirmer une trop forte autorité susceptible d’aggraver la situation et d’accentuer les débordements ou, au contraire, prendre le parti des victimes (comme François Hollande le fit imprudemment dans l’affaire « Théo ») pour tenter de faire baisser les tensions, présente de sérieux risques : celui de l’embrasement ou celui du laxisme. »
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