On comprend l’intérêt porté sur les investissements locaux. Ils représentent 55 % de l’investissement public civil national selon la définition sur base 2010, et non 70 % comme on le dit souvent, qui s’appuie sur une base plus restrictive que la nouvelle, n’incluant pas notamment les recherches R&D.
Le groupe bancaire BPCE, qui est allé plus loin en ramenant le poids de l’investissement local dans l’investissement total (c’est-à-dire incluant l’investissement privé) a pu montrer qu’il pesait près de 12 % de l’investissement national en 1995.
C’est dire combien l’intensité des besoins en équipement local conditionne l’économie française toute entière. Et ce même si celui-ci ne pèse plus que 8 % de l’investissement français, résultat d’un lent recul amorcé en fait depuis 1998, mais particulièrement marqué ces trois dernières années.
Reprise faible
Aussi, sa reprise constatée en 2017, aussi bien par Bercy (+5 %) que par l’Observatoire des finances et de la gestion publique locales (OFGL) (+6,5 %) ou par l’Insee (+2,9 Md€), est prise par les pouvoirs publics comme une bonne nouvelle. C’est donc vrai pour l’économie française. Mais pas forcément pour les collectivités.
Cette reprise « faible », comme l’indique l’OFGL, s’accompagne également d’une « dégradation globale de solvabilité des collectivités locales » analyse BPCE, quand l’Insee qualifie la situation financière actuelle des collectivités de « dégradée ».
Le niveau d’investissement n’est donc pas un révélateur suffisant de la santé financière du monde local ; le niveau d’endettement, l’épargne brute, les caractéristiques socio-économiques, géographiques et démographiques, etc. jouent également leur rôle.
Mais à force de brandir depuis plusieurs années ce thermomètre aux yeux du gouvernement pour lui prouver que la baisse des dotations rendait malade, les représentants des collectivités pourraient bien se faire prendre à leur propre piège : pour l’exécutif national, cette reprise des investissements locaux serait, pour suivre la même logique, la preuve d’une bonne santé financière globale retrouvée et qu’en conséquence, l’effort de maîtrise des dépenses demandé dans le cadre de la contractualisation est donc soutenable.
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