Gilles Garnier, conseiller général de Noisy-le-Sec et président du Groupe communiste au conseil général de Seine-Saint-Denis.
Vous venez d’intervenir dans un débat sur les risques de marchandisation des services sociaux d’intérêt général (Ssig)*. Le danger est-il réel ?
Oui. On voit actuellement les prémices d’une véritable attaque. Aurait-on imaginé, il y a quelques années, que des pans entiers de l’action sociale seraient soumis à la mise en concurrence : services aux personnes âgées, petite enfance, insertion par l’activité économique
Les associations ont raison de se mobiliser pour que les Ssig fassent partie du droit positif européen et ne soient pas simplement des exceptions (susceptibles d’être rognées) à la directive Bolkenstein.
Les collectivités locales sont-elles concernées ?
Les conseils généraux sont en première ligne. En raison du flou juridique européen, l’épouvantail du contentieux est agité devant les élus : du coup, le recours aux appels d’offres se généralise. Tout concourt à l’externalisation et à la privatisation. Voyez, aujourd’hui, les jardins d’éveil au détriment des crèches. Pourtant, la notion de service public local est très dynamique : ce n’est pas un hasard si la fonction publique territoriale est la seule à recruter.
Les élections européennes sont-elles l’occasion de porter ce débat ?
Du côté du Front de gauche, en tout cas, oui. La puissance publique a baissé les bras, et, pire, a anticipé cette marchandisation du social. Je pense que le mouvement associatif doit rester pleinement indépendant et que, parallèlement, l’élu local doit avoir les moyens d’un véritable choix.
(*)Organisé le 6 mai au conseil régionale IdF par le mouvement MP4-Champ social, initiateur d’une pétition « Ssig : sauvons les services sociaux ».
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