Face aux projets de développement du quartier de La Défense et du Grand Paris, Nanterre a organisé le 23 mai un conseil municipal extraordinaire afin de faire entendre la voix des Nanterriens à propos des futurs aménagements touchant la ville.
«L’Etat a fait le choix d’initiatives séparées, souvent unilatérales, concernant notamment l’Ouest parisien et plus particulièrement le secteur du quartier d’affaires de La Défense», indique la résolution votée à l’unanimité – moins quelques abstentions – lors de ce conseil municipal. La future fusion des établissements publics d’aménagement de La Défense (Epad) et de Seine-Arche (Epasa) inquiète notamment la mairie.
Autre origine de la réaction des élus : le rapport rendu en juin 2008 par Pascal Lelarge, préfet directeur régional de l’équipement d’Île-de-France, qui «propose d’étendre La Défense sur Nanterre», indique Patrick Jarry, le maire de Nanterre. «On ne veut plus d’urbanisme imposé qui ne prend pas en compte l’historique des sites, mais seulement le développement du quartier d’affaires», aoute-t-il.
En octobre 2008, la ville décide donc d’engager une concertation avec les habitants et les acteurs de la ville sur l’avenir de leur localité. Un film est réalisé et des débats organisés autour de ce sujet.
«Le conseil municipal du 23 mai constitue un point d’étape sur les échanges et permet de donner la parole à différents acteurs», précise Patrick Jarry. Lors d’une suspension de cette réunion exceptionnelle, Philippe Chaix, directeur général de l’Epad et de l’Epasa, Bernadette Madeuf, présidente de l’Université Paris-X située à Nanterre, Philippe Panerai, grand prix de l’urbanisme 1999 et différentes associations mobilisées dans le secteur ont donc pu s’exprimer.
Partenariat avec l’Etat
L’objectif principal de la mairie est de signifier que l’aménagement de la zone doit se faire en concertation avec les acteurs locaux. De nouvelles discussions avec l’Etat sont donc souhaitées, à l’image de celles menées en 2000, qui ont donné naissance au projet Seine-Arche. «Un développement de l’urbanisation réalisé de manière partenariale», souligne le maire.
La résolution votée le 23 mai insiste ainsi sur le fait que l’Etat doit «reconnaître la ville préfecture des Hauts-de-Seine comme une véritable interlocutrice à respecter et à entendre».
Ce document affirme toute une série d’autres demandes telles que :
- engager une nouvelle dynamique à l’échelle du bassin d’emploi ;
- répondre à l’ampleur de la demande de logement ;
- gagner l’enfouissement des bretelles des sorties d’autoroutes B5 et B6 ;
- Concrétiser les projets de renouvellement urbains et sociaux (Prus) et «coeur de quartier» ;
- veiller à l’arrivée du RER Eole à Nanterre.
Futur de La Défense
Patrick Jarry est toutefois bien conscient que l’avenir de la ville dépend de celui de La Défense. A ce sujet, le maire a son avis : «Les idées de développement de ce quartier datent d’avant la crise économique et ne prennent pas en compte les problèmes environnementaux. Les nouvelles tours ne sortiront pas de terre sans nouvel investissement. Il est de toute façon simpliste de penser qu’ajouter des tours règlera les problèmes.»
Et de prendre le discours de Nicolas Sarkozy du 29 avril sur le Grand Paris au pied de la lettre. A propos du métissage évoqué par le président de la République, Patrick Jarry propose de construire des tours de logements sur la dalle de La Défense. Concernant la volonté de faire du «beau» du chef de l’Etat, l’édile de Nanterre suggère de le mettre en application dans sa ville, «très abimée».
«Nous verrons ainsi rapidement si ce n’était qu’un discours ou s’il y a une volonté de l’Etat d’agir autrement que par le passé», juge-t-il.
Enfin, pour travailler à une échelle plus large que sa municipalité, Patrick Jarry mène une réflexion avec les villes voisines : Puteaux, Courbevoie, Rueil Malmaison, Suresnes et la Garenne Colombes. Le but est de déterminer ensemble, d’ici à 2010, des «orientations de politique urbaine partagée».
Pour en savoir plus
Consultez notre dossier Grand Paris : une chantier capital
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