De quoi s’agit-il ? D’un pied pané d’humain et d’un rôti de biceps, en vitrine, ou encore d’un buste de femme suspendu aux crochets, bref, de viande humaine, factice mais très réaliste. Une installation militante, explique l’artiste, qui cherche à faire réfléchir le citoyen confronté à des images de la guerre, sans cesse, sur son écran de télé. Un texte, apposé à la porte, explique sa démarche.
Nous n’avons reçu que deux courriers négatifs et ils n’étaient absolument pas agressifs, relève Christelle Silvestre. Le maire de cette commune dit n’avoir absolument pas anticipé la réaction, excessive, qui a valu à la vitrine de voler en éclats.
La commande qu’elle a passée à l’artiste visait, précisément, pour cette toute jeune élue et sa nouvelle équipe, à travailler sur l’image de la ville, une ville industrielle de 6.300 habitants, mais à la campagne, qui fait aujourd’hui l’objet d’opérations de rénovation de son centre-ville. J’ai demandé à Fabien Ansault de concevoir, pour ce quartier, une sorte de cabinet de curiosités, à la manière de Buffon (natif de Montbard, ndlr), mais dans une transposition qui soit contemporaine, explique Christelle Silvestre, dont le slogan, adopté récemment pour appuyer sa communication, colle avec cette commande : Montbard, ville naturellement curieuse.
Si le lieu a été choisi en concertation avec l’artiste, celui-ci a eu carte blanche, si bien que la maire elle-même n’a découvert l’installation que deux jours avant son inauguration. Elle m’a, à titre personnel, beaucoup plu, souligne-t-elle. Alors que l’on parle du devoir de mémoire, les jeunes générations n’ont plus, souvent, de grands-parents pour leur parler de la guerre. C’est donc pour eux une notion très abstraite et il faut aujourd’hui trouver d’autres formes d’expression pour faire passer le message.
Un courrier, envoyé par la paroisse, demande pourtant que soit tiré un rideau sur l’installation, afin qu’elle ne soit pas à la vue de tous. Ce courrier a, lui, choqué la maire. Il s’interroge sur la capacité des Montbardois à comprendre le message de l’artiste, relate Christelle Silvestre. Comme s’ils étaient plus bêtes que les autres ! Il avance aussi l’idée que ce type d’installation a peut-être sa place à Paris mais pas dans une petite ville. Je m’inscris en faux ! Montbard dispose d’un tissu culturel dense au sein duquel un art qui serait un peu subversif a toute sa place…
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