A madame la ministre de la Culture et madame la ministre de la Ville. Je me permets de vous écrire cette lettre ouverte. Pour ma ville, Sevran (Seine-Saint-Denis), pour un service municipal d’archives comme le mien, c’est un moment très particulier. Certes, les élections municipales sont terminées et, comme toute commune, la ville doit « récoler » ses archives, mais, surtout, nous attendons la réponse officielle du ministère de la Culture à notre demande de subvention pour l’aménagement de locaux pour les archives. Vu les « urgences » (y compris celles de la « culture ») dans une « commune pauvre » comme Sevran, vous pourriez trouver surprenant d’investir dans cette fonction « régalienne » et « support », certes réglementaire, mais pouvant sembler moins prioritaire que d’autres.
Permettez-moi, en ce début de mandat pour les exécutifs et décideurs municipaux, d’émettre quelques vœux pour ce domaine, mais aussi pour d’autres, en cette nouvelle phase d’approfondissement de la décentralisation. C’est justement parce qu’une ville comme Sevran est pauvre et est confrontée à de multiples problèmes, eux-mêmes décuplés, qu’elle doit encore plus veiller à sa bonne gestion dans tous les domaines.
(Ré)inscrire ces « zones prioritaires » dans le droit commun, cela passe aussi par la bonne gestion des archives. C’est justement parce qu’une ville aspire à l’égalité territoriale et fiscale qu’il n’est pas anormal que l’Etat subventionne des projets structurants tels que l’aménagement ou la construction de bâtiments d’archives. C’est justement parce que ces « banlieues populaires » ont des difficultés qu’il faut investir encore davantage dans les cultures et les mémoires collectives. Vous deviez signer une convention commune inscrivant l’histoire et la mémoire des quartiers comme un des axes importants de coopération de « droit commun » de vos deux ministères : qu’en est-il ? Alors, s’il vous plaît, n’oubliez pas les archives, les communes et leurs quartiers ! Soutenez-les, reconnaissez-les ! Ignorer l’histoire et les archives, c’est (re)nier l’identité de ces territoires : qu’auraient-ils fait pour cela ?
Je vous prie d’agréer, mesdames les ministres, l’expression de mes salutations les meilleures.
Thèmes abordés