« Le communiqué ministériel est très flou sur les dates. On parle d’horizon 2024 » pour Bordeaux-Toulouse « et 2027 » pour Bordeaux-Dax. « Si les choses ont un peu avancé, je considère que le dossier n’est pas solide », a indiqué le président UMP du département Dominique Bussereau.
« Et lorsque le ministre déclare qu’il ne veut pas de financement privé, dans l’état des finances publiques surtout si l’État est obligé à des concessions sur l’écotaxe, il n’y aura pas d’argent pour payer », a ajouté l’ancien secrétaire d’État aux transports qui a notamment mis en place le partenariat public-privé pour la construction de LGV Tours-Bordeaux.
Les prolongements depuis Bordeaux vers Toulouse et Dax ont été estimés à 9,1 milliards d’euros.
Petite vengeance aux grandes conséquences ? M. Bussereau reconnaît que cette décision est également liée à « l’achèvement de l’A831 » entre Fontenay-le-Comte (Vendée) et Rochefort (Charente-Maritime), ou malgré une convention de financement, l’Etat, selon lui, veut « que seules les collectivités payent ». « Nous rendons à l’État la monnaie de sa pièce », a affirmé M. Bussereau, évoquant aussi le report après 2030 de la LGV Poitiers-Limoges.
M. Bussereau a aussi critiqué le calendrier ministériel des lignes nouvelles.
« J’avais prévu qu’après l’arrivée de la LGV à Bordeaux on commence immédiatement vers Toulouse » car « on ne peut pas laisser la 4e ville de France à l’écart du reste de l’Europe du TGV. Prendre du retard sur Toulouse est une erreur magistrale », a-t-il estimé.
« Et puis on a signé des accords avec l’Espagne qui termine son TGV au Pays basque et on ne peut pas bloquer le développement économique de la péninsule ibérique », a-t-il ajouté.
Plusieurs collectivités, comme la région Poitou-Charentes, le conseil général des Pyrénées-Atlantiques et la communauté de communes de Pau ont déjà annoncé la suspension de leur financement, ou le refus de s’engager dans le panel de 57 collectivités contribuant à la LGV Tours-Bordeaux.
Des lettres de relance aux collectivités récalcitrantes
Deux conseils généraux et huit communautés de communes ont reçu vendredi 25 octobre un courrier recommandé de relance de RFF, le concessionnaire de la ligne. La présidente de la communauté de communes du Marsan (Landes), Geneviève Darrieussecq explique ainsi dans le journal Sud-Ouest comment le directeur du projet LGV Sud Europe Atlantique lui demande de bien vouloir honorer sa contribution financière, soit 3 millions d’euros : « Nous vous rappelons que les retards de paiement sont susceptibles de faire l’objet d’intérêts », explique la lettre, selon l’élu.
« C’est un simple courrier administratif de facturation. RFF a le souci normal de tenir sa trésorerie », a-t-on indiqué à RFF, soulignant que ces courriers portent sur « des montants significatifs ».
Comme le président du département de Charente-Maritime, l’élue de Mont-de-Marsan estime ne pas avoir reçu d’engagements suffisamment précis pour remettre la main à la poche.
Un trou de 300 millions d’euros – Pour RFF, il y a pourtant urgence. Il manquerait, selon le journal, quelque 300 millions d’euros pour boucler le tour de table de la construction de la LGV Sud-Ouest. Un somme que RFF avance actuellement mais qu’elle voudrait vite effacer de sa dette, conformément à une volonté gouvernementale, formulée lors de la présentation de la réforme ferroviaire, le 11 octobre dernier. De là à penser que le gouvernement ait finalement intégré Bordeaux-Dax dans son plan LGV Sud-Ouest pour pousser les collectivités récalcitrantes à reprendre leur paiement et ainsi sécuriser le financement de Tours-Bordeaux…
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