La défense des services publics en Europe alimente les débats du congrès des enseignants de la FSU, réuni jusqu’au 2 février à Marseille, certains prônant plus d’implication dans les structures européennes tandis que d’autres craignent de jouer le jeu de la privatisation.
« Si on ne se bat pas à ce niveau, on affaiblit notre capacité de défendre les services publics en France », a déclaré le secrétaire général de la FSU, Gérard Aschieri.
La fédération, qui s’est fortement mobilisée contre le référendum sur la Constitution européenne en 2005 sans donner de consigne officielle de vote, a décidé de soutenir une pétition de la Confédération européenne des syndicats (CES) « pour des services publics de qualité et accessibles à tous les citoyens ».
A travers elle, l’organisation réclame la mise en place d’une directive-cadre européenne permettant de définir et de « faire progresser » la notion de service public, selon les textes préparatoires du congrès de Marseille.
« Après la mobilisation en faveur du non au référendum, nous avons eu du mal à poursuivre la bataille et cette pétition est un véritable outil pour défendre une Europe des services publics tels que nous la concevons », a martelé Jean-Michel Drevon, du syndicat national de la FSU.
Une idée contestée par une partie des militants : « le rôle des organisations syndicales, c’est d’être auprès des salariés, pas de rédiger des directives qui suppriment tout », juge Edith Danry qui enseigne l’histoire près de Dijon (Côte d’Or).
Certains militants dénoncent en effet la notion de « service d’intérêt économique général », voulue par la Commission européenne et reprise dans la pétition. Pour eux, cette notion « aboutit » de fait « à la privatisation des services publics ».
« La question est de savoir comment peser pour que l’Europe se construise en intégrant nos revendications », estime pour sa part Yves Baunay, professeur d’économie à la retraite à Cachan (Val-de-Marne) et secrétaire général de l’institut de recherche de la FSU.
« La seule façon de peser, c’est de contredire le principe de libre concurrence pour certains secteurs d’activité comme les services publics », ajoute-t-il, insistant sur la nécessité de « trouver des plateformes communes » avec les autres syndicats européens.
Près de 27% des congressistes se sont prononcés le 31 janvier contre la pétition de la CES, 63% votant pour. La FSU a donc confirmé son soutien au texte.
L’adhésion de la fédération à la CES a aussi fait l’objet d’un vote le 1er février mais a « peu de chance d’être approuvée », selon Odile Cordelier, responsable des questions européennes à la FSU.
« Certains considèrent que la CES est vendue à la commission européenne et n’a qu’un rôle d’accompagnement de ses directives », déplore-t-elle.
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