« Si cette donation est rejetée, je ne me représente plus ». Le maire de Gorbio, Michel Isnard, est dépité depuis que son conseil municipal a rejeté les conditions d’un artiste indien reconnu pour faire don de ses oeuvres à la commune de Gorbio (Alpes-Maritimes).
C’est pourtant un pactole que Sayed Haider Raza, dont les toiles se vendent plusieurs centaines de milliers d’euros sur le marché de l’art, a offert aux Gorbarins : une vingtaine de ses oeuvres, une collection de statuettes et de miniatures indiennes anciennes, des oeuvres de peintres indiens et français, en plus d’une somme de 900.000 euros pour couvrir les frais d’entretien de la donation.
L’ensemble devait trouver place dans la « tour Lascaris », un donjon couronné par un belvédère, au coeur du village.
Raza qui vient depuis une cinquantaine d’années passer l’été à Gorbio et dont l’atelier de pierre se trouve en bordure du village, avait posé deux conditions à la donation : que deux des trois étages de la tour lui soient réservés et que ses oeuvres soient présentées au public durant au moins cinquante ans.
Le conseil municipal a rejeté ces deux conditions par 10 voix contre 2, tout en acceptant « le principe » de la donation.
A six mois des élections municipales, l’affaire prend une coloration politique. Voyant que la population a pris fait et cause pour le maire, en signant massivement une pétition favorable à la donation, les opposants sont persuadés que ce dernier leur a tendu un piège : « Il veut nous faire passer pour des grands guignols, déclare Patrick Truchi, adjoint au maire. Son but est de discréditer une liste concurrente éventuelle. »
Sur le fond, les opposants refusent d’aliéner pour cinquante ans la tour Lascaris, joyau du village avec le vieil orme.
Au-delà de la donation, ce sont les méthodes « hâtives et désordonnées » du maire qui sont visées. « Nous on ne veut pas du vent, on veut quelque chose de solide et de bien étayé juridiquement », affirme Robert Coutet, de la liste d’opposition « Pour Gorbio ».
Le maire, artiste peintre lui-même, est pessimiste : « Je pense qu’on va dans le mur. Raza a déjà trop reculé. » Initialement, le peintre indien souhaitait que sa donation occupe les trois étages de la tour pendant quatre-vingt-dix-neuf ans.
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