Le juge des référés du tribunal administratif de Rouen (Seine-Maritime) a donné raison le 24 octobre à Christine Albanel, la ministre de la Culture qui refusait que la cité normande restitue à la Nouvelle-Zélande une tête maorie qu’elle a en dépôt depuis 1875 dans son Muséum d’histoire naturelle.
La ministre avait demandé au préfet de Haute-Normandie d’introduire un référé devant le tribunal, craignant que la décision rouennaise «n’ouvre la boîte de Pandore» et que cet exemple soit suivi sans contrôle par d’autres collectivités à propos de d’objets de collections publiques. Elle reproche également à la municipalité de ne pas avoir consulté une commission spécialisée.
De son côté, le maire de Rouen, Pierre Albertini, estime qu’il s’agit d’une question d’éthique inscrite dans la loi française de 1994. Selon lui elle indique clairement que «le corps humain, ses éléments et ses produits ne peuvent faire l’objet d’un droit patrimonial», les excluant de facto du principe d’inaliénabilité des collections publiques. Pour l’élu, la tête maorie n’est donc ni propriété de l’Etat, ni du Muséum de Rouen.
Le juge a pris cette décision le lendemain de la cérémonie officielle de remise de la tête à l’ambassadrice de Nouvelle-Zélande. La tête restera cependant à Rouen en attendant un jugement sur le fond qui devrait être rendu à la fin de l’année. Ce dernier permettra de savoir si oui ou non cette tête est seulement un reste humain et peut donc être restituée à sa terre d’origine ou si elle est «un objet social», ce qui autoriserait son intégration dans une collection publique régie par la loi.
Alors que d’autres musées de plusieurs grandes villes du monde ont déjà procédé à des restitutions identiques, Rouen est la première ville française à souhaiter le faire.
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