L’île de Mayotte, où était attendue le 4 décembre la ministre de la Santé Roselyne Bachelot, connaît une situation nutritionnelle « préoccupante », avec la coexistence de carences chez les enfants et d’obésité chez les adultes, soulignent des chercheurs.
La situation « apparaît typique d’une transition nutritionnelle », estiment les auteurs d’une étude réalisée en 2006 auprès de 993 personnes, publiée le 4 décembre dans un numéro thématique du Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH).
Parmi les enfants de moins de 5 ans, 12,1% présentaient un poids de naissance inférieur à 2,5 kg, 10,5% « une insuffisance pondérale », 8,1% « une maigreur ». En 2004, une épidémie de béribéri (déficit en vitamine B-1) avait conduit au décès de 20 nouveaux-nés.
D’un autre côté, plus du quart des femmes (27,4%) étaient obèses, et 28,1% en surpoids, des chiffres nettement supérieurs à ceux observés en métropole (13,0% d’obésité, 23,3% de surpoids), probablement liés à la consommation croissante d’aliments riches en sucres et en graisses. Le phénomène est moins marqué chez les hommes, avec 7,6% d’obèses et 24,8% en surpoids.
Mayotte (376 km2, 180.000 habitants) est une des quatre îles de l’archipel des Comores, dans l’Océan indien. Elle a le statut de collectivité départementale. C’est un territoire « sous-médicalisé », indique le BEH, avec un système de soins reposant pour l’essentiel sur l’hôpital et les centres de soins. En 2005, il y avait un médecin pour 1.500 habitants.
En 2006, l’île a été massivement touchée par une épidémie de chikungunya (près de 250 cas pour 1.000 habitants entre janvier et mai), soit une épidémie « d’ampleur comparable à celle de La Réunion ».
Le paludisme sévit également à Mayotte, même si l’on observe « une diminution du taux d’incidence annuelle ces dernières années » (3,1 pour mille en 2005-2006 contre 5 pour mille en 2003-2004).
« Mayotte est un territoire en profonde mutation. Cette mutation doit impérativement s’accompagner d’un renforcement de la surveillance des maladies infectieuses et parasitaires, et de l’évaluation des risques environnementaux et comportementaux », conclut dans l’éditorial Vincent Pierre, de la Cellule interrégionale d’épidémiologie.
Télécharger le numéro du BEH du 4 décembre, «Mayotte, une problématique sanitaire particulière»
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