Plusieurs centaines de personnes, population et élus, ont manifesté le 10 janvier à Argelès-Gazost, Lourdes et Tarbes (Hautes-Pyrénées) (65) leur opposition au projet de traversée centrale des Pyrénées (TCP) prévoyant la création d’un tunnel entre la France et l’Espagne.
« Ce projet, soutenu par le conseil régional de Midi-Pyrénées, risque de détruire l’activité économique des vallées », a affirmé le maire PS d’Arzisans-Avant André Pujo aux côtés d’une trentaine d’élus réunis le 10 janvier dans les Pyrénées alors que le XXe sommet franco-espagnol devait examiner à Paris ce projet de traversée par ferroutage des camions.
Pour de nombreux manifestants, le passage incessant de trains de ferroutage, une technique de transport que la plupart ne dénonce pas, entraînerait des nuisances importantes pouvant détruire l’activité de tourisme et de thermalisme.
« Les nuisances sonores et écologiques seront importantes. Les gens venant ici pour se reposer fuiraient les vallées », a souligné Laetitia Michel, boulangère de la station thermale d’Argelès-Gazost.
Habitants et élus, parmi lesquels Gérard Trémège, maire UMP de Tarbes, insistaient sur les nombreuses possibilités de résoudre la saturation de la traversée des Pyrénées par les camions.
« On va sacrifier la vie de certaines vallées alors qu’il est possible d’améliorer ce qui existe ou de développer le cabotage », a déclaré Bernard Marquis, maire d’Adast, un village de 240 habitants de la vallée d’Argelès.
Pour Gérard Trémège, qui dénonce « ce projet pharaonique » d’environ 200 milliards d’euros en tenant compte des infrastructures, une des solutions est « peut-être de développer le tunnel du Somport » dans les Pyrénées-Atlantiques.
Près d’un rond-point de Lourdes, bloqué par les manifestants et sur lequel trônait une banderole « Non à la TCP, oui à la transparence, oui à une démocratie participative », Marie regrettait qu' »aucune étude sérieuse n’ait été réalisée ».
« Les conséquences seront également écologiques » avec le détournement des sources et de la faune, remarquait cette femme d’une cinquantaine d’années. Pour appuyer ce propos, Hélène Bertin, une habitante d’Argelès-Gazost, 34 ans, parlait de « la qualité de vie à préserver pour les générations à venir ».
D’autres habitants évoquaient le risque du développement d’un « axe de fret transcontinental Afrique-Asie-Europe pour mieux délocaliser ». Membres de l’association altermondialiste Attac, ils ont notamment dénoncé le risque d’invasion, via ce tunnel transpyrénéen, des marchandises en provenance des pays émergents au détriment des productions européennes.
Plus politique, Gérard Trémège reconnaissait se méfier « des Malvy, Chauzy (ndlr: respectivement présidents du conseil régional et du conseil économique et social de Midi-Pyrénées)… et Sarkozy ».
Vice-présidente de l’Association contre le tunnel inutile dans les vallées d’Ailleurs et du Lavedan (Actival), Agnès Cacciolaci préférait insister sur l’aspect fédérateur de la manifestation, qui s’est terminée par un dépôt de motion à la préfecture des Hautes-Pyrénées à Tarbes.
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