Faire renaître des cours d’eau urbains pour contrer les risques d’inondations, replanter des haies en milieu agricole pour éviter l’érosion et l’appauvrissement des espèces, restaurer les zones humides littorales afin de protéger les côtes… : à travers une gestion durable des milieux, il s’agit d’établir – ou plutôt de rétablir et maintenir – des dynamiques vertueuses assurant la pérennité des écosystèmes et de la biodiversité, indispensables à la vie humaine et à ses activités économiques. Les SfN ont déjà fait leurs preuves, notamment à travers les dix projets pilotes du programme Life ARTISAN, porté par l’Office français de la biodiversité (OFB). Et elles sont désormais intégrées au Plan National d’Adaptation au Changement Climatique (PNACC3) dont la troisième version a été lancée le 10 mars 2025. Avec un objectif : assurer une meilleure cohérence entre les différentes mesures d’atténuation des effets du dérèglement climatique et une plus grande efficacité de celles-ci.
Des techniques éprouvées sous une dénomination moderne
La dénomination « Solutions fondées sur la Nature » recouvre un certain nombre de pratiques souvent connues et maîtrisées, issues de savoirs traditionnels et de connaissances scientifiques (écologie, hydrologie, agro-écologie…) : des techniques relevant du génie écologique que les collectivités emploient déjà sur leurs territoires telles que la gestion forestière durable ou la renaturation d’espaces urbains. L’innovation réside davantage dans l’approche systémique de ces actions, pensées non plus isolément mais dans leur capacité à répondre simultanément à plusieurs défis territoriaux. En somme, les SfN ne révolutionnent pas les pratiques mais les organisent dans une stratégie cohérente d’aménagement durable.
Surtout, la modularité permet à chaque collectivité, quelle que soit sa taille, d’engager des actions à la mesure de ses moyens et compétences. La démarche peut commencer par des interventions simples : gestion écologique des cimetières et espaces verts, désimperméabilisation de parkings et de cours d’écoles, création de jardins partagés. Ces projets de proximité constituent souvent le premier pas vers des interventions plus ambitieuses comme la réhabilitation de rivières ou la création de corridors écologiques à l’échelle intercommunale. Pour améliorer le drainage des eaux de pluie, une commune de Maine-et-Loire a mis en œuvre un projet innovant de gestion intégrée en déconnectant une partie du réseau d’évacuation afin de privilégier l’infiltration. Pour cela, des noues semées (fossés larges et peu profonds) ont été créées, capables d’absorber les pluies les plus fortes. En Guyane, une communauté d’agglomération du littoral a développé des solutions de génie végétal inspirées des écosystèmes humides afin de réhabiliter les anciens canaux servant à évacuer les importants volumes d’eau des pluies tropicales (de plus en plus nombreuses). Un projet expérimental qui a permis de stabiliser les berges des canaux tout en limitant les coûts d’entretien. Ces réalisations exemplaires démontrent la possibilité pour toute collectivité d’agir efficacement selon ses moyens et ses contraintes géographiques spécifiques.
De multiples retours sur investissements
Globalement, les SfN présentent un coût relativement faible au regard des multiples retours sur investissement qu’elles génèrent : économies budgétaires (une agglomération du nord de la France a allégé de 35 % les frais de fonctionnement de la gestion des eaux pluviales grâce aux SfN), réduction du risque assurantiel (143 milliards d’euros de sinistres climatiques attendus d’ici 2050 contre 69 milliards entre 1989 et 2019 (1))… À cela s’ajoutent des retombées économiques locales, à l’image des 2 000 emplois liés à la filière bois préservés dans un massif forestier de l’est de la France, et un regain d’attractivité des territoires pour les entreprises.
Les SfN constituent également un investissement social majeur. Les écosystèmes en bon état assurent une bonne qualité de l’eau et de l’air, le rafraîchissement de l’atmosphère, la production d’aliments de qualité. Les effets sur la santé publique sont particulièrement tangibles en milieu urbain : la température moyenne mesurée sous les arbres à 13 heures est 7 °C plus faible(2). La proximité avec la nature contribue enfin au bien-être mental et physique des habitants, et favorise l’activité physique tout en créant du lien social dans les quartiers.
Pour accompagner les collectivités, l’Office français de la biodiversité a développé une stratégie visant à faire connaître les Solutions fondées sur la Nature et faciliter leur mise en œuvre opérationnelle sur les territoires. Cette démarche se traduit par la mise à disposition d’outils pratiques et pédagogiques : guides méthodologiques, retours d’expériences, études de cas, outils d’aide à la décision. De quoi permettre aux élus et aux services techniques de visualiser les modalités de mise en œuvre et les résultats attendus.
(1) Le coût des catastrophes climatiques en France pourrait doubler d’ici 2050 – Novethic
(2) Le rafraîchissement des villes par les arbres – INRAE
Contenu proposé par OFB
