« Gravissime ». Ce vocable, choisi par la directrice financière d’une grande commune de l’Est parisien pour qualifier les perspectives de son budget 2012, en matière d’investissement, révèle un sentiment en voie de généralisation.
Si l’on voulait résumer, sur la base d’une série de témoignages concordants de praticiens territoriaux, que les banques du secteur ne démentent pas, les derniers appels d’offres lancés par des collectivités pour emprunter se sont révélés totalement infructueux.
Autrement dit, ceux qui ont tenté récemment d’obtenir des prêts ne se sont pas vu proposer seulement la moitié, un tiers ou un quart de leur besoin. Ils n’ont pas récolté une seule proposition. Pas un seul euro. Niet. Nada. Rien !
Cela place les techniciens face à l’obligation d’alerter les élus : que doit-on, dès lors, faire des projets d’investissements. Faut-il les maintenir, en commençant à la financer sur ses fonds de roulement, pour s’apercevoir, à l’automne, qu’ils ne pourront in fine être assumés, faute de crédits ?
Il reste encore 700 millions d’euros à répartir au titre des 5 milliards débloqués d’urgence à l’automne par la Caisse des dépôts, mais visiblement, tout le monde n’y pas accès. Et que se passera-t-il au-delà ? « On pourrait presque obtenir l’annulation des budgets 2012 de l’ensemble des collectivités qui ont recours à l’emprunt, en faisant simplement remarquer que le principe de « recettes certaines », sur lequel doivent reposer les investissements engagés ne peut plus sérieusement être pris en compte», fait valoir un expert.
Le spectre de chantiers interrompus, de grues en déshérence, et de files d’attente d’ouvriers du BTP devant les bureaux d’aide sociale apparaît plus menaçant que jamais. Dans ce contexte, les élus se retrouvent face à la possibilité d’inscrire coûte que coûte leurs investissements à leur budget, et de faire comme si de rien n’était sûr que l’Etat trouvera bien une solution.
Ils pourraient aussi, dans un sursaut salutaire, faire front pour que le Premier ministre ou le président de la République lui-même s’empare enfin réellement du dossier.
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