Jean-François Parigi, président du conseil départemental de Seine-et-Marne
François Durovray, président du conseil départemental de l’Essonne
Georges Siffredi, président du conseil départemental des Hauts-de-Seine
Marie-Christine Cavecchi, président du conseil départemental du Val-d’Oise
Pierre Bédier, président du conseil départemental des Yvelines
Stéphane Troussel, président du conseil départemental de la Seine-Saint-Denis)
Olivier Capitanio, président du conseil départemental du Val-de-Marne)
Vue du reste du pays, l’Île-de-France est souvent perçue comme un territoire riche qui a les moyens de faire face aux crises et aux défis des grandes transitions.
Perception en partie erronée. D’abord, parce qu’il existe des disparités certaines entre chacun de nos départements franciliens et c’est la raison pour laquelle nous avons mis en place un mécanisme unique en France, de solidarité interdépartementale, où ceux qui sont mieux pourvus financièrement viennent en aide à ceux qui en ont davantage besoin pour financer des projets structurants.
Nous assurons, par ailleurs, une réelle solidarité nationale puisque nous avons versé près de 440 millions d’euros en 2022 pour venir en soutien aux départements du reste du pays.
Recettes en berne
Ensuite, parce que depuis quelques années, nos dépenses augmentent très vite compte tenu des choix faits par le gouvernement et des revalorisations sans compensation des fonctionnaires, des pompiers ou encore des personnels médico-sociaux… Mais aussi pour se substituer aux carences de l’Etat dans les domaines du handicap et de la protection de l’enfance, le tout sans moyens supplémentaires.
L’inflation génère, de surcroit, une explosion de nos dépenses en fonctionnement comme en investissement. Même les départements qui avaient une certaine aisance financière jusqu’à présent, rencontrent de grandes difficultés.
Face à cette situation, nos recettes ont disparu. Avec la crise de l’immobilier, nous avons perdu en un an l’équivalent des recettes que nous avions gagnées en six ans.
Cette situation est particulière à l’Île-de-France où la crise de l’immobilier est près de deux fois plus importante que dans le reste du pays et conduit à une baisse des recettes assises sur les frais de notaire allant jusqu’à -35%. A cela s’ajoute le fait que nous ne disposons plus d’aucune autonomie financière puisque nous ne levons plus aucun impôt. Or, nos départements franciliens doivent faire face à une croissance démographique bien réelle qui génère des besoins certains en termes d’équipements et de services publics.
Gare à l’effet domino
Nous tirons le signal d’alarme car la situation n’est pas tenable.
Aujourd’hui, nous ne parvenons plus à faire face à nos missions et, demain, nous ne parviendrons plus à jouer la solidarité nationale. Si la situation perdurait, les conséquences en seraient concrètes et brutales : des services publics dégradés en soutien aux plus faibles, une dette qui exploserait, des réductions dans les budgets d’investissement avec des destructions d’emplois importantes dans le secteur du BTP, étant les premiers investisseurs publics.
Premier partenaires des communes, nos départements ne seraient plus davantage en mesure d’aider ces dernières dans leurs grands projets structurants au détriment de leurs habitants. Enfin, premier acteur de la solidarité, nous ne pourrions plus assumer la péréquation actuelle au bénéfice des départements de province et en particulier ruraux. Les difficultés que nous traversons cette année deviendront leur réalité l’an prochain, par effet domino.
Lorsque le pays a rencontré des difficultés, notamment pendant le Covid, nous avons répondu présents à la place de l’Etat ou en soutien aux territoires. Aujourd’hui, nous, départements franciliens, demandons à ce que l’Etat soit solidaire à notre endroit pour nous permettre de continuer à agir au service des populations et de l’économie. Nous demandons aussi à ce que la démocratie soit respectée et que nos collectivités puissent avoir les moyens de conduire les politiques pour lesquelles les Français les ont élues. Une absence de réponse de l’Etat conduirait à un déni de démocratie majeur qui ne ferait encore qu’accentuer les fractures du pays.
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