L’agence de notation Fitch a récemment publié une note sur la dégradation de la capacité de désendettement (mesurée par le ratio dette / épargne brute) des Régions qui passerait de 3,8 ans aujourd’hui à 6 ans en 2013. Ainsi, après avoiratteint 9,4 Mds en 2008 et 16,8 milliards en 2010, l’encours de dette des Régions approchera des 23 milliards en 2013.
Oui, et alors ? Est‐ce objectivement si alarmant lorsque l’on connaît le coeur des compétences des Régions (formation professionnelle, lycées, transports ferroviaires) impliquent des investissements à long terme, en partie financés par des emprunts dont la durée est bien supérieure (entre 15 et 25 ans) leur capacité de désendettement ? Certes, suite à la réforme de la fiscalité locale, les Régions accusent un important rétrécissement de leur marge de manoeuvre financière, et notamment fiscale, tandis que les dotations de l’Etat sont gelées en volume, ce qui peut induire une contraction de leur épargne brute. Mais même si l’évolution de la capacité de désendettement doit être surveillée, les durées annoncées par Fitch sont encore loin de la zone à risque traditionnellement admise en matière de capacité de désendettement, qui se situe autour de 10‐12 ans.
En revanche, ce dont il faut s’alarmer, c’est des conséquences qu’une telle note peut avoir. En instillant le doute – quand bien même il serait fondé sur des hypothèses peu tangibles ou des ratios mal interprétés – sur la solvabilité des Régions, l’agence de notation alimente la défiance actuelle des marchés, qui débouche, entre autres,sur un rétrécissement de l’accès au crédit et un renchérissement des taux d’intérêt, augmentant d’autant les frais financiers (les fameuses anticipations autoréalisatrices!). Et ce alors même que les investissements des collectivités – pas seulement ceuxliés aux compétences obligatoires de chacune, mais aussi les investissements optionnels ‐ sont vitaux pour la reprise de la croissance française.