« A défaut de proposer un projet de société tourné vers l’avenir, les candidats [à la primaire de droite] préparent une casse sociale sans précédent. » Ainsi débute le pamphlet d’Annick Girardin, ministre (PRG) de la Fonction publique de ce gouvernement en fin de mandat, publié le 31 octobre dernier sur son blog. Et d’énumérer les propositions des sept candidats LR : « Mise en danger des services publics avec la suppression de 300 000 à 1 000 0000 de fonctionnaires, départ à la retraite à 65 ans et plus, suppression du compte pénibilité, suppression du statut de fonctionnaire et j’en passe… »
« Je m’inquiète d’une droite pour qui la suppression de postes est la seule boussole », poursuit-elle. « Derrière les boniments, c’est la qualité de nos services publics pour la métropole et aussi pour l’outre-Mer qui est en jeu. […] Comment ne pas supprimer purement et simplement la fonction publique territoriale si l’on prône 1 000 0000 de postes en moins ? […] L’équation est impossible. »
A lire : notre série d’interview des candidats à la primaire de la droite
- Nicolas Sarkozy : « Les fonctionnaires devront travailler davantage »
- Alain Juppé : « Le statut de la fonction publique a ses raisons d’être »
- Nathalie Kosciusko-Morizet : « Le statut du fonctionnaire n’a plus lieu d’être dans de nombreux domaines »
- Bruno Le Maire : « Le statut de la fonction publique ne doit plus être la règle, mais l’exception »
- Jean-Frédéric Poisson : « Mettons fin à la logique du déracinement en renforcant les départements »
« La droite prend souvent en exemple nos voisins européens pour dire que la part de nos rémunérations publiques est trop élevée. Mais si l’on prend le temps de regarder dans le détail, on se rend compte que les choses ne sont pas si simples. Il faut comparer ce qui est comparable », écrit encore la ministre. « En Allemagne ou au Royaume-Uni par exemple, qui affichent beaucoup moins d’emplois publics, les agents hospitaliers ou les enseignants ne sont pas considérés comme des fonctionnaires. Les embauches indirectes, plus élevées dans ces pays, ne sont pas non plus comptabilisées, alors qu’elles ont un coût élevé pour le contribuable ! »
En Allemagne ou au Royaume-Uni par exemple, qui affichent beaucoup moins d’emplois publics, les agents hospitaliers ou les enseignants ne sont pas considérés comme des fonctionnaires. Les embauches indirectes, plus élevées dans ces pays, ne sont pas non plus comptabilisées, alors qu’elles ont un coût élevé pour le contribuable !
« Le choix de la surenchère plutôt que de la raison »
Annick Girardin assure que l’objectif est de poursuivre la revalorisation des salaires et l’amélioration de l’avancement dans les carrières des fonctionnaires jusqu’en 2020. « Nous allons continuer à améliorer l’accompagnement des agents de terrain sur des questions de laïcité, de formation, de gestion des ressources humaines, de mobilité ou de bien-être au travail. »
Elle entend également ouvrir la fonction publique à la diversité de la France et de ses outre-mer, « en travaillant sur les voies d’accès et de retour, sur l’apprentissage, sur la lutte contre les discriminations ». « Et surtout, nous allons continuer à refuser que les fonctionnaires soient systématiquement caricaturés, dévalorisés par le discours ambiant d’une droite qui a choisi la surenchère plutôt que la raison. »
« Prends garde à la droite! »
De son côté, le PS dénonce « la mise au pas des fonctionnaires » dans sa fiche n°10 consacrée aux propositions des candidats LR s’agissant de la fonction publique. En cas d’élection de l’un d’eux, le parti prédit l’humiliation des fonctionnaires, le retour au clientélisme et un affaiblissement des agents face à la corruption.
Le PS rappelle que la droite est à l’origine de la RGPP qui « a seulement désorganisé les services et dégradé les conditions de travail : les mêmes missions ont dû être assurées par moins d’agents ». Et de rappeler que, sous Nicolas Sarkozy, le recours aux contractuels a atteint en 2008 16,5 % des effectifs totaux de la fonction publique.
Le PS avance pour sa part que le gouvernement a permis « des carrières plus intéressantes, des rémunérations plus justes » . « Toutes les catégories ont vu le niveau de salaire de début de carrière augmenter. »
Par ailleurs, « le recrutement par concours a été réaffirmé et l’impartialité garantie par la présence d’une personne extérieure à l’employeur associée à chaque jury de recrutement » et les jury ont été formés à la prévention des discriminations.
Enfin, la « loi sur la déontologie a permis d’inscrire dans le droit de la fonction publique les valeurs fondamentales de probité, impartialité, neutralité, laïcité et service de l’intérêt général », fait-il valoir.
Pas de doute, la bataille des fonctionnaires entre la droite et la gauche est bien lancée.