Près de trois semaines après son arrivée, en remplacement de Marylise Lebranchu, Annick Girardin se dit prête à affronter les syndicats sur la question cruciale du dégel du point d’indice, même si de son aveu même tous les arbitrages, notamment du côté de Matignon et de l’Elysée, seront rendus mardi prochain.
Au moment où le projet de réforme du code du travail fait descendre les jeunes dans la rue et où les primaires à droite poussent à la surenchère en matière de baisse de l’emploi public, Annick Girardin entend imprimer sa marque.
« Je crois en une fonction publique exemplaire qui doit néanmoins se remettre en cause sur certains points, affirme-t-elle. Je ne crois pas en une fonction publique qui ne soit que régalienne et je ne laisserai pas perdurer les attaques incessantes contre les fonctionnaires. »
Dès le 15 mars, elle pourra ainsi s’exprimer devant le Conseil commun de la fonction publique et dévoiler le nouvel agenda social avant de se retrouver face aux syndicats à l’occasion du rendez-vous salarial du 17 mars découlant du protocole PPCR (Parcours professionnels, carrières et rémunérations). Ces deux dates, initialement prévues fin février, avaient été reportées en raison du remaniement ministériel.
Besoin de reconnaissance
Soulignant les efforts des fonctionnaires qui subissent le gel du point d’indice depuis 2010, Annick Girardin n’entend donc pas venir « les mains vides » mais reconnaît que quel que soit le geste du gouvernement « symbolique » ou « significatif », il impactera les restrictions budgétaires consenties jusqu’ici.
Une hausse de 1 % de la valeur du point représente, en effet, un coût de 750 millions d’euros selon la Cour des comptes.
En outre, le scénario selon lequel le dégel se ferait en deux temps : l’un au printemps 2016 et l’autre en 2017 en fonction du retour de la croissance tient la corde, de source syndicale.
« Les fonctionnaires ont besoin de reconnaissance aujourd’hui mais nous devons être exigeants en matière de temps de travail, d’efficacité, de formation, de diversité de recrutement, indique la ministre. Je suis venue pour faire bouger les lignes même si je n’ai qu’un an devant moi. Il ne s’agit pas d’impulser une grande loi fonction publique puisqu’elle existe déjà avec le projet de loi déontologie mais tout ne dépend pas du législatif. Il y a aussi la voie réglementaire. »
Aux yeux de la nouvelle ministre, le projet de loi égalité et citoyenneté est ainsi « la dernière occasion forte du quinquennat de faire évoluer certains sujets notamment dans la fonction publique ». S’agissant du compte personnel d’activité, reconnaissant un déficit de communication gouvernemental, elle juge néanmoins nécessaire de saisir cette opportunité pour la fonction publique.
« Nous laissons la porte ouverte à toute innovation, insiste la ministre. Nous avons plusieurs mois pour travailler avec les employeurs et les syndicats. »
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