La nouvelle ministre de la Fonction publique, Annick Girardin, va devoir user de beaucoup de diplomatie sans doute, pour calmer et rassurer les représentants des différents syndicats de la fonction publique, qu’elle s’apprête à recevoir individuellement mardi 23 et mercredi 24 février.
Le rendez-vous salarial promis dans le texte PPCR est reporté au mois de mars compte tenu du remaniement ministériel. « La discussion est reportée à une date qui n’est pas encore fixée, précise-t-on au cabinet d’Annick Girardin. La ministre arrive après quatre ans de dialogue social avec Marylise Lebranchu ; elle souhaite se réapproprier les dossiers et prendre contact avec ses interlocuteurs. »
Quel va être le sort du point d’indice ? Les syndicats signataires du protocole PPCR se sont toujours dits extrêmement attachés au rendez-vous salarial prévu dans le texte que Manuel Valls a décidé d’appliquer unilatéralement.
« Le gouvernement fera une profonde erreur en ne dégelant pas le point d’indice. La CFDT se mobiliserait alors. (…) Et attention, se contenter de donner 0,1 ou 0,2 % d’augmentation serait une provocation », indiquait le 9 février dans Les Echos le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger.
« Contexte très tendu »
« Nous abordons ce rendez-vous dans un contexte très tendu. Nous serons très attentifs à ce que va nous dire la ministre », indique aussi Christophe Couderc (CGT).
« Cette nomination n’est pas un bon signe pour la fonction publique », estime Denis Turbet -Delof (Solidaires). Le resserrement des attributions du ministère, qui avaient auparavant en charge la décentralisation, inquiète le représentant syndical.
Autre sujet de crispation : le projet de loi « déontologie », qui prévoit notamment, dans sa version actuelle issue du Sénat, d’introduire trois jours de carence dans la fonction publique.
Lourds dossiers
Les syndicats rappellent dans plusieurs communiqués faisant suite à la nomination de Annick Girardin, l’étendue des dossiers que la ministre doit porter :
- la mise en oeuvre du protocole PPCR et ses quelque 500 décrets et autres arrêtés ;
- le projet de loi « déontologie » ;
- la mise en oeuvre du compte personnel d’activité (CPA) dans le secteur public avec un chantier sur la formation, et sur la santé et la sécurité au travail ;
- la remise d’un rapport sur le temps de travail dans la fonction publique ;
- la mise en oeuvre d’une nouvelle gestion des ressources humaines (côté Etat) ;
- le chantier de la prévention de la pénibilité.
« La FSU craint que ce changement ministériel soit de nature à faire prendre un retard préjudiciable aux agents alors qu’il y a tant de dossiers à conclure, et de manière urgente, quand on sait la situation des carrières et des rémunérations des agents publics », indique Bernadette Groison dans un courrier à Manuel Valls du 17 février. « Monsieur le Premier ministre, il va sans dire que la FSU attend que rapidement soit rendue publique la date du rendez-vous salarial. Elle n’acceptera pas qu’il soit reporté »…
Enveloppe budgétaire boostée ?
« Ces dernières années ont été médiocres pour les fonctionnaires : blocage des salaires, réforme territoriale, accord PPCR globalement positif mais souffrant d’une mise en place trop longue, surcharge de travail notamment dans le cadre des attentats, fonctionnaire bashing… La nouvelle ministre disposera-t-elle d’une enveloppe budgétaire boostée, pour arracher nos collègues à l’abstention électorale voire à la révolte ? Sinon pourquoi venir de si loin, pour vivre une longue et pénible année ? » insiste notamment aussi la CFTC.
Tous attendaient avec impatience la discussion salariale de février. Une réunion de l’intersyndicale est d’ores et déjà prévue mercredi 24 au soir pour déterminer des suites à donner.
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