L’affaire du Libor, ce taux interbancaire manipulé par ceux qui, au sein des banques, le fixent, constitue la dernière illustration de la profonde crise de confiance qui caractérise l’économie en général et, plus spécifiquement, la monnaie commune, l’euro en l’occurrence.
A qui se fier, est-on en droit de se demander, lorsque l’on sait que RBS, une des banques incriminées, est majoritairement détenue par l’Etat britannique…
Dès 1982, dans « La Violence de la monnaie », André Orléan et Michel Aglietta démontraient que, bien plus qu’un simple vecteur d’échanges, la monnaie fonde le lien social. Elle permet de dévier le désir mimétique des individus cher au philosophe René Girard et la violence qui en découle sur les objets facilement échangés grâce à elle.
Cette crise qui n’en finit pas serait donc bien plus qu’un simple épisode économique tourmenté. La crise de l’euro serait une crise de confiance grave, puisque portant sur l’objet sans lequel la violence sociale n’a plus de dérivatif… Sans confiance, pas de monnaie, sans monnaie, plus de lien social…
Les finances des collectivités constituent hélas une parfaite illustration de ce climat de défiance. Dexia ? On ignore si son espérance de vie se compte en jour, en mois ou en année. La situation de la banque explique pourquoi elle semble le plus souvent incapable de proposer des réaménagements équilibrés à ses clients lestés d’emprunts toxiques.
L’arrivée de la nouvelle banque publique ? On ignore toujours à quelle date elle sera réellement en capacité d’offrir des emprunts à long terme.
L’agence de financement chère aux associations d’élus ? Rien n’indique, jusqu’à plus ample informé, que le nouveau gouvernement ait pris conscience de sa nécessité.
L’émission obligataire syndiqué en cours d’élaboration ? Consigne a été donnée à ses artisans de ne divulguer aucune information à son sujet…
Le Fonds de péréquation des recettes intercommunales et communales (Fpic) ? On annonce déjà qu’il ne respectera pas la montée en puissance prévue par la loi. Les dotations de l’Etat ? On voit mal comment elles pourraient être maintenues compte tenu de la conjoncture…
Les collectivités vont donc, dans ce brouillard qui s’épaissit chaque jour, adopter des budgets excessivement prudents, s’inscrivant à leur tour dans cette spirale perdante que seul un regain de confiance pourrait stopper.
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