« Lors de notre dernier appel d’offres bancaire, nous avons eu plusieurs réponses de banques étrangères, parfois lointaines, brésilienne ou chinoise mais aucune banque française ne nous a répondu », déplore cette DGA finances d’une grande ville.
La crise du crédit continue, donc, et semble même s’intensifier. Si certaines collectivités parviennent à obtenir des prêts, l’incompréhension de celles qui échouent provient notamment de la récente injection de 1 000 milliards d’euros par la Banque centrale européenne (BCE) dans l’économie, prêtés à 1 % aux banques européennes, et qui n’a semble-t-il rien changé à leur désertion du marché des collectivités locales.
Du côté des banques, on explique que cette manne n’est pas destinée à prêter directement aux différents segments de l’économie, mais vise seulement à éviter de nouvelles faillites bancaires. « Dexia est morte parce qu’un beau jour, elle n’a plus pu se refinancer sur le marché interbancaire. C’est ce que la BCE a souhaité éviter, et rien d’autre », fait valoir un banquier.
Ce dernier souligne que la durée du LTRO (Long term refinancement operation), limitée à trois ans, interdit, compte tenu des nouvelles contraintes prudentielles, de prêter à 15 ou 20 ans aux collectivités.
Des arguments que conteste Etienne Favre, spécialiste de ces questions chez FCL gérer la cité : « Ces 1 000 milliards étaient destinés certes à rassurer les marchés sur la solvabilité des banques européennes. Mais ils visaient également à permettre aux banques de racheter des dettes souveraines, ce qu’elles font d’ailleurs dans d’excellentes conditions pour elles. Il s’agissait également de leur donner les moyens de s’organiser pour prêter davantage à long terme, ce qu’elles ne font pas, ni aux entreprises, ni aux particuliers, ni aux collectivités », constate l’expert.
Si bien que les banques française préfèrent replacer cette manne, empruntée à 1 % à la BCE, à la même BCE, percevant en retour un taux de 0,25 % et perdant de l’argent au passage, plutôt que de prendre le moindre risque…
Dans cet arbitrage, la prudence exigée par les actionnaires des banques semble bien primer sur le soutien à l’économie. Jusqu’à quand ?
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