Le Beauvau des polices municipales, relancé le 21 novembre, sera-t-il maintenu dans ce contexte politique incertain ? Élus et professionnels veulent le croire, tant la troisième force de sécurité du pays a besoin de perspectives. Qu’il s’agisse de la judiciarisation des policiers municipaux ou de la généralisation de leur armement, les enjeux sont nombreux. Observateur attentif des sujets liés à la sécurité publique, Jean-Baptiste Juillard vient d’achever une thèse à La Sorbonne sur la « violence légitime en démocratie », dont il prévoit de tirer prochainement un ouvrage.
La conclusion d’un parcours universitaire de premier plan, entre un master en affaires publiques à Sciences-po, puis un second en philosophie contemporaine à l’École normale supérieure, avant d’obtenir l’agrégation de philosophie. Si, comme l’a théorisé l’un des pères de la sociologie allemand Max Weber, le « monopole de la violence légitime » appartient par nature à l’État, il ne peut que constater l’investissement croissant des collectivités dans les questions de sécurité à travers, notamment, le déploiement de polices municipales.
Jugée pragmatique par certains, car répondant à une augmentation de la délinquance, cette prise en charge de la sécurité par les collectivités est la marque, pour d’autres, d’un désengagement de l’État dans l’une de ses principales missions régaliennes. Nul doute qu’une clarification, voulue par les associations d’élus comme par les policiers municipaux, doit être faite sur un sujet qui comptera parmi les principaux thèmes de campagne en 2026, lors des prochaines élections municipales qui se profilent déjà.
L’État abandonne-t-il une part de son « monopole de la violence légitime » au profit, notamment, des collectivités ?
La notion de « monopole de la violence légitime » est en crise, nous l’avons vu avec les « gilets jaunes ». L’État est de plus en plus critiqué pour son usage de la « violence légitime », au point de justifier une réponse violente par certains contestataires. À une époque d’inflation de l’image, l’enjeu est de trouver un équilibre entre maintien de l’ordre et préservation des libertés individuelles. Néanmoins, le consensus sur une montée de la violence est désormais plus général.
La question à trancher porte plutôt sur la responsabilité de cette insécurité. Pour certains, c’est la misère sociale qui pousse au crime. Pour d’autres, c’est l’immigration, jugée incontrôlée, qui conduit à une surreprésentation des étrangers dans les faits de délinquance. Se pose aussi la question du type de violence : ce qui inquiète le plus, c’est la montée de la violence physique, de nature sexiste ou sexuelle, ou liée au narcotrafic. En 2023, nous avons dépassé les 1 000 homicides en un an, soit plus que lors de la vague d’attentats terroristes de 2015. Pour beaucoup, cela caractérise le manque d’implication de l’État.
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