Un magistrat d’expérience, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy au ministère de l’Intérieur et ex-patron de la mission de lutte contre les drogues. Tel est en substance le profil du nouveau secrétaire général du Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR), Étienne Apaire, nommé le 25 août par décret présidentiel.
Cette nomination intervient trois mois après le scandale du Fonds Marianne contre le séparatisme qui a ébranlé le CIPDR et coûté sa place à son précédent secrétaire général, le préfet Christian Gravel. Depuis, c’est un ancien gendarme, le sous-préfet Christian Pizzi, qui assurait l’intérim.
Sous l’autorité du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, et de la secrétaire d’État chargée de la citoyenneté, Sonia Backès, qui pilote la politique de prévention de la délinquance, Étienne Apaire aura fort à faire pour redorer le blason d’une structure interministérielle qui, depuis le début de l’année, fait l’objet de plusieurs audits et rapports internes.
Les séparatismes et les dérives sectaires sont des coups de canif dans notre pacte républicain.
Il est essentiel de lutter contre ces phénomènes qui prennent de l'ampleur.
Ce sera désormais la mission d'Étienne Apaire, dont je me rejouis de la nomination à la tête du @SG_CIPDR. pic.twitter.com/Kj3Bu0FZRr
— Sonia Backes (@SoniaBackes) August 26, 2023
Le programme des prochains mois s’annonce chargé. Parmi les dossiers sur la table, le secrétaire général devra lancer le nouveau plan national de prévention de la radicalisation, dans les cartons depuis plusieurs mois, et décliner la nouvelle feuille de route gouvernementale contre les sectes diffusée au printemps dernier.
Sa fonction est également associée à la lutte contre le séparatisme, priorité affichée du gouvernement au cours du premier mandat d’Emmanuel Macron, et à la stratégie nationale de prévention de la délinquance, bien connue des élus locaux, dont il est le pilote. À ce titre, il devra préparer la future enveloppe 2024 du Fonds interministériel de prévention de la délinquance.
Magistrat et collaborateur de ministres
Âgé de 63 ans, diplômé d’études approfondies (DEA) de droit pénal et de procédure pénale et ancien élève de l’École nationale de la magistrature (ENM), Étienne Apaire est inspecteur général de la justice depuis 2017.
Il a a occupé plusieurs postes clés, notamment celui de juge d’instruction au tribunal de grande instance de Paris, en charge des dossiers de criminalité organisée, de lutte contre le blanchiment et de criminalité informatique entre 2004 et 2005, et de vice-président chargé de l’instruction au Tribunal de grande instance de Paris.
Sa carrière est également liée aux cabinets ministériels de différents gouvernements. Entre 2002 et 2004, il occupe le poste de conseiller judiciaire au cabinet de Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, puis auprès de son successeur, Dominique de Villepin. Il devient conseiller pour les affaires pénales auprès du ministre de la justice, Pascal Clément, jusqu’en 2007.
Il est alors nommé à la tête de la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (Mildt, ex-Mildeca), où il s’illustre par des positions jugées répressives. Il y reste jusqu’en 2012, date à laquelle il entre à l’inspection générale de la justice, où il assure la responsabilité du pôle évaluation des politiques publiques et le pilotage de plusieurs missions d’inspection dans les domaines de la lutte contre la radicalisation et le terrorisme, de l’aide aux victimes etdu renseignement pénitentiaire. Depuis 2020, Étienne Apaire est également membre de l’Inspection des services de renseignements.
La fonction de secrétaire général du CIPDR a été occupée jusqu’ici par les préfets Bernard Hagelsteen (2006-2007), Hervé Masurel (2007-2008), Philippe de Lagune (2008-2010), Didier Chabrol (2011-2012), Raphaël Le Méhauté (2012-2013), Pierre N’Gahane (2013-2016), Muriel Domenach (2016-2019), Frédéric Rose (2019-2020) et Christian Gravel (2020-2023).
Thèmes abordés