« Davantage de cambriolages de logements enregistrés dans les communes urbaines, aisées et voisines de fortes inégalités sociales », titre le dernier rapport du service statistique du ministère de la sécurité intérieure (SSMSI).
Parue le 16 mai 2023, cette étude, menée conjointement entre le SSMSI et l’Insee, se base sur la géographie communale de la délinquance, ainsi que sur les spécificités communales comme leur localisation, leurs caractéristiques de population ainsi que celles de leur parc de logement.
En préambule, le document rappelle qu’en France hors Mayotte, 221 400 cambriolages de logements ont été enregistrés par la police et la gendarmerie nationales, soit l’équivalent de 5,8 infractions pour 1000 logements. Il ajoute : un « quart de ces enregistrements correspondent à des cambriolages non aboutis », c’est-à-dire à des tentatives manquées ou interrompues.
Si le rapport précautionne l’analyse, « aucun des liens décrits dans cette étude ne peut être interprété comme une expression causale des cambriolages », certaines spécificités font émerger des disparités territoriales.
Des résultats différents selon les aires d’attraction des villes
Plus l’aire d’attraction (1) est grande, plus le nombre de cambriolages pour 1000 logements est important.
Dans les petites aires de moins de 50 000 habitants, un peu moins de 4 logements sur 1000 ont été cambriolés durant l’année 2022. Une situation différente dans les aires d’attraction de Paris, Lille, Toulouse , Lyon, Grenoble ou Marseille, plus de 700 000 habitants, où ce taux s’élève jusqu’à 8 logements cambriolés sur 1000.
Pour découvrir les taux les plus élevés, soit plus de 11,4 cambriolages pour 1000 logement, il faut se diriger dans les aires d’attraction de Carpentras, de Sarrians, d’Avignon dans le Vaucluse ; de Saint-Laurent-du-Maroni et de Kourou en Guyane ; de Villiers-la-Montagne en Meurthe-et-Moselle ; de Saint-Rémy-de-Provence dans les Bouches-du-Rhône et de Morestel en Isère.
Carte tirée de l’analyse du service statistique du ministère de l’Intérieur.
De plus, « le découpage entre zones rurales et urbaines est par conséquent une clé importante dans la compréhension de la répartition territoriale des cambriolages », indique le rapport. En effet, l’espace urbain est plus en ligne de mire des délinquants.
Après neutralisation des spécificités communales (caractéristiques sociales, économiques, démographiques, géographiques, topographiques ou encore infrastructurelles), le ministère de l’Intérieur a conclu qu’une commune située dans une zone urbaine dense est susceptible d’enregistrer, en moyenne par an, « 1,4 cambriolage de plus pour 1000 logements» qu’une autre commune située en territoire rural périurbain.
Une variabilité selon le niveau de vie médian
L’analyse statistique du ministère de l’Intérieur et de l’Insee démontre que plus le niveau de vie médian d’une commune est élevé, plus le nombre de cambriolages l’est aussi.
Après la neutralisation des caractéristiques communales, ces deux variables « sont en premier lieu liées ». Par exemple, le taux de cambriolages annuel pour 1000 logements serait de 6,40 pour une commune présentant les caractéristiques moyennes du rural périurbain et un niveau de vie médian de 28 000 euros, alors qu’il serait à 7,90 pour une commune similaire, mais avec un niveau de vie médian à 34 000 euros.
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Maisons et résidences secondaires
Pour terminer leur étude, les auteurs s’arrêtent au « type et à la fonction du bâti ». Selon eux, une part élevée de maisons individuelles dans l’habitat de la commune augmenterait le nombre annuel d’infractions, « vérifiant ainsi la plus grande vulnérabilité des maisons aux cambriolages par rapport aux appartements ».
Si nous prenons en compte la part de maisons dans le parc des logements de la commune, une ville urbaine dense qui aurait 100% de maisons parmi l’ensemble de ses logements enregistrerait 16,7 cambriolages pour 1000 logements, alors que si elle en comptait 50%, ce taux d’infractions s’élèverait à 10,5.
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Les QPV, facteurs aggravants des infractions ?
Dans le rapport, la proximité des communes à un quartier prioritaire de la politique de la ville (QPV) serait un nouveau symptôme des cambriolages dans les villes. Globalement, « son taux de cambriolages est corrélé aux difficultés sociales présentes dans son voisinage ». Il ajoute que « cette corrélation est en moyenne légèrement moins forte que celle qui lie le taux de cambriolages au niveau de vie médian ou au type/fonction du bâti. »
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Thèmes abordés
Notes
Note 01 zonage construit par l'Insee regroupant des communes d'un seul tenant et sans enclave Retour au texte